L’autonomie est une notion ancienne, même s’il faut attendre le décret du 30 août 1985 (article 2) pour la voir officiellement mentionnée et reconnue. De fait, dès les années 1970, la démocratisation de l’enseignement et son corolaire qu’est la massification, s’accompagnent de l’octroi de marges de manœuvre nouvelles aux établissements, indispensables pour gérer des publics de plus en plus hétérogènes.
Comme le relève le Sgen-CFDT : « la prise de responsabilités par les équipes pédagogiques n’est-elle pas une « aspiration légitime » ?. « Le pilotage descendant, souvent excessivement tatillon, bloquant, est de plus en plus souvent mal vécu par les personnels, infantilisant », affirme Thierry Cadart, secrétaire général du syndicat. Aussi, n’est-il pas nécessaire, en 2012 de trouver : « une nouvelle articulation entre le niveau national et les initiatives locales est nécessaire » ?
Pour « desserrer le nœud de l’éducation », le SGEN-CFDT plaide pour une autonomie dans les programmes et les horaires. Il propose une part de la dotation horaire globale, « pas majoritaire, mais pas négligeable », pour la mise en place de projets dans les établissements. Il se dit également favorable à un contrôle des actions a posteriori, un contrat établissement-inspection, sans «évaluation sanction ». ( par exemple : baisse de la DGH, si redoublement important .. ! )
Le SNES résiste, mais que propose t-il ? Il évoque « une fausse autonomie », qui revient à gérer les situations locales avec moins de moyens, et provoque une réaction de rejet chez les professeurs. Et de lancer une pique : « Depuis 4 ans, tous les textes sur l’autonomie ont visé à renforcer le pouvoir du chef d’établissement, instaurant encore plus de hiérarchie ». Il s’agit donc de réfléchir, à la place et au rôle du Chef d’établissement … Si le pilotage se joue d’abord au sein même de l’EPLE par le jeu de ses acteurs internes, il faut avoir le courage de clarifier et préciser la responsabilité de chacun … !
Le SNPDEN, préfère le mot « responsabilité » à celui d’autonomie, trop « vague ». « Mais des responsabilités sans ressources, cela n’a pas de sens », remarque Philippe Tournier. Le représentant des chefs d’établissement soulève les questions de la gouvernance, de la régulation, du rôle de la communauté éducative… « Aujourd’hui, l’éducation est une succession de métiers hyper pointus, il n’y a pas de travail en commun. On est dans un fonctionnement tayloriste ».
Alors aujourd’hui, comme le souligne la FCPE, nous sommes plus dans la « débrouille » que dans l’autonomie…
Par contre, et cela est pointé dans toutes les études sur l’efficacité des systèmes scolaires :
- la concurrence entre établissement est contre productive et inégalitaire… Développer l’autonomie des collectivités locales et des établissements, induit un rôle appuyé de l’Etat, comme celui qui doit rester garant de la qualité des conditions de scolarisation dans tout le pays ( en Finlande: les écarts de résultats entre établissements y sont les plus faibles au monde [site de l’OCDE ou de Pisa.]
- Autre écueil : « le pilotage par les résultats ».. D’abord parce qu’il s’agit toujours – alors – de la mesure des résultats aux examens et de l’orientation .. ! En éducation.. Comme le médecin, l’enseignant n’est soumis qu’à l’obligation de moyens …
Questions à 2012 :
- Que faire des 150 000 jeunes qui sortent aujourd’hui de l’école « en grande difficulté de compréhension de l’écrit » des élèves qui ont réussi normalement leur scolarité élémentaire et leurs études au collège, et entendent dès lors poursuivre tout aussi normalement leur parcours dans la voie commune d’un lycée unique ?
- Comment dépasser les réserves contenues dans les théories du « handicap socioculturel » ou du « tout génétique » …? Elles semblent ne peuvent suffire à trouver les réponses qui nous permettront de concilier enseignement de masse et enseignement de haut niveau…?
- Ne pourrait-on pas réfléchir à « la substitution – à l’actuelle école « unique » – de ce qu’on pourrait appeler une école « commune »(1) puisqu’elle procède de la suppression de toute mise en concurrence des élèves et des établissements, et de la mise en place d’un véritable tronc commun.( GRDS ) http://www.democratisation-scolaire.fr/spip.php?rubrique1
(1) L’ »école commune » ou « Ecole fondamentale », dans un contexte non concurrentiel se caractérise par l’absence de redoublement et de classement , une réflexion innovante de l’évaluation formative et normative …