Nous commençons enfin à avoir l’esprit un peu vide. Les vicissitudes qui habituellement peuplent le quotidien s’estompent peu à peu. On couvre les besoins essentiels : nourriture dans le frigo, de l’eau, une vidange des toilettes et des eaux usées, du soleil pour le panneau solaire… quand cela est couvert, on finit par ne plus penser à rien, c’est agréable. Puis, on se dit : tiens, après quoi je cours finalement au quotidien. Quand on a terminé son travail qui nous rapporte un salaire mensuel, quand les tâches ménagères et administratives sont à peu près remplies (on en garde toujours un peu de coté pour stresser un peu), alors on s’invente de nouvelles tâches : un jardin à entretenir, une revue d’un abonnement à lire, une séance de shiatsu avec la voisine… toute cette culture du loisir n’est qu’un nouveau masque pour « griller » ce temps qui nous d’un coté nous obsède quand on pense en manquer, et qui devient une source d’angoisse quand on ne sait l’occuper. Combien de fois nous sommes allés « nous promener » au centre ville pour « voir du monde » ou bien en flânant dans une galerie commerciale pour acheter des produits dont nous n’avons pas besoin ? Pour ma part, je me suis lancé dans de grands projets qui m’accaparaient et qui ne pouvaient être atteints… D’une certaine façon, cela me poussait à me dépasser, mais en même temps, je n’étais jamais réellement satisfait. Je ne cherche pas le bonheur, mais la paix d’esprit est un confort qu’il est difficile d’acheter dans nos sociétés modernes. « Changer de vie », c’est l’un des aspects de ce blog – il ne s’agit pas seulement de voir les bâtiments classés Unesco de telle ou telle ville. Plus important, c’est une sorte de pèlerinages à la rencontre d’autres personnes, d’autres cultures… Que vais-je faire des quelques années qui me restent à vivre ? Mon père voulait profiter de sa retraite pour acheter un bateau et partir faire le tour du monde. Mais un an après sa mise « au rebut », il ne faisait rien et il a finit par mourir d’un cancer du pancréas. Il a souffert pendant 3 mois mais n’a su la gravité de son cas que quelques jours avant de mourir. Toute une vie à travailler à l’usine pour en arriver là. Nous n’avons pas envie de faire pareil, de griller nos meilleures années pour construire un « je ne sais quoi ». Tout semble s’écrouler autour de nous : l’économie, la finance, bientôt l’immobilier. Nous ne comptons pas sur la retraite, et encore moins sur le système de santé – tout cela va s’effondrer. Nous savons déjà que les générations de nos parents ont vécu les meilleures années en terme de « prospérité » du pays. A l’origine, il y avait l’espoir d’une vie meilleure et ils l’ont eu. Quant à nos générations et les suivantes, on sait que le niveau de vie sera inférieur et qu’il continuera de chuter. Les enfants doivent payer les dettes de leurs parents d’une certaine façon. Pourquoi on se tuerait à la tâche ? Nous ne devons rien à personne. Mes parents ne nous ont quasiment jamais aidé financièrement. Mon permis de conduire et ma première voiture d’occasion (6000€ à l’époque, il y a 17 ans), je les ai eu en empruntant à la banque et cela en « grugeant » un peu pour éviter d’avoir une caution. J’ai mis 7 ans à rembourser le prêt en étant étudiant. J’ai du bosser l’été, mais aussi durant les cours tout en faisant deux écoles en même temps… je n’aurai pas d’héritage et je n’en veux pas de toute façon. C’est dur dans notre société quand on commence avec rien – la vitesse initiale est très importante. Imaginez que vous gagnez 1200€ par mois, mais que vous avez 700€ de loyer – à la fin du mois, il ne vous reste rien.
Bon, et puis zut, je suis peut-être un peu aigri ce soir, la journée était pourtant bonne. Je ne sais pas ce que j’ai envie de faire par la suite. Déjà, nous allons voyager et puis on verra bien… nous avons un peu d’argent de coté, un terrain qui se paye petit à petit, un camping-car. C’est probablement un consommable, mais c’est aussi un toit sur notre tête en attendant. Terminé pour l’instant les impôts locaux et la taxe audiovisuelle pour une télé poubelle qu’on ne regardait plus depuis des années. Finis bientôt (ou presque) cette imposition sur plus du tiers de nos revenus. Plus d’abonnement à EDF, ni à FT (juste un abonnement SIP à moins de 3€/mois incluant les fixes en illimités et une heure sur les mobiles), plus d’abonnement à l’eau ou au gaz (bon on achète des bouteilles c’est vrai)… Il y a une grande sensation de liberté, même si c’est en partie illusoire. C’est bon pour nous pour le moment alors on maintiendra cette illusion quelques temps. Et puis, tout est relatif, c’est peut-être pas la panacée, mais c’est à des années lumière de la vie d’esclave qu’on avait avant. Bonne nuit les petits (nounours).