Saint Benoît en sa règle nous donne quelques outils : honorer tous les hommes, soulager les pauvres, consoler ceux qui souffrent, secourir ceux qui sont dans la peine, ne pas mettre sa colère à exécution, ne pas la réserver pour plus tard, ne pas abandonner la charité, ne haïr personne, ne pas aimer contester. Bref, de quoi faire… En quittant le monastère, j’emporte le souvenir lumineux du père abbé. Et je retiens surtout qu’une règle de vie peut être le terreau d’une liberté joyeuse. Le grand défi réside dans l’application de la règle, de notre règle, dans le siècle. Être une mère de famille, un ouvrier surchargé nécessite autant de force et de vertu sinon plus que pour vivre une vie de moine. Et si s’inventer une règle consistait précisément à faire excellemment son métier d’homme et de femme, à devenir chaque jour plus humain là où la vie nous donne de vivre et d’aimer.
Alexandre Jollien est un philosophe et écrivain né en 1975 à Savièse, en Suisse. Son dernier livre, le Philosophe nu, est paru au Seuil.(Source : La Vie)