L'information matinale, de la plus haute importance, était placardée en jaune sur tous les murs de la ville de Genève: un Suisse sur quatre aime faire l'amour à plusieurs. Ce que l'on sait moins, parce que ça ne figurait pas dans le journal, c'est qu'un journaliste suisse sur un certain nombre aime déguster du vin à plusieurs. Quand ils ne sont pas en nombre suffisant, les journalistes font volontiers appel à des blogueurs frontaliers. Une expérience forte, racontée de l'intérieur par l'un d'eux, à défaut d'être analysée par un vinologue assermenté.
Crédit photo Le Châ©
La mission dévolue au panel des 5 dégustateurs réunis cette année, auxquels on aurait presque pu rajouter un passager clandestin, consistait à déguster les vins d'assemblage rouge 2009 genevois déjà primés lors des Sélections des vins de Genève, pour récompenser de la traditionnelle fouine du Prix de la Presse l'un d'entre eux. Par cette chaude matinée de juin 2011, les vins riches et opulents du millésime 2009 élevés en barrique ne se présentaient pas sous leur meilleur jour. Une dégustation difficile, avec beaucoup de notes boisées souvent rédhibitoires dans certains vins, un fruité parfois compoté et une fraicheur qu'il fallait traquer dans l'acidité des cépages les plus gourmands. La mise est récente, il faudra savoir patienter pour profiter au mieux de ces vins dignes de la gastronomie.
Crédit photo Le Châ©
Si le Sanglier de Bronze (meilleure note obtenue pour un vin lors des sélections) est allé de façon apparemment méritée au domaine les Hutins pour un pinot gris liquoreux ayant obtenu un score de plus de nonante-deux points (vin que je n'ai pas eu la chance de goûter), la Fouine du prix de la Presse a récompensé un vin de la Collection Esprit de Genève, élaboré par Florian Barthassat, de la Cave de Genève, l'un des rares vins à pouvoir se prévaloir d'une finesse rafraichissante ce jour-là. L'Esprit de Genève, c'est un vin constitué d'une proportion d'au moins de 50% de gamay, cépage emblématique du canton, associé obligatoirement au gamaret et au garanoir, ainsi qu'à tout autre cépage que le producteur voudra bien y rajouter, pour sa petite patte personnelle.
Question gastronomie et musique, les Genevois ont également beaucoup d'esprit. Ils cuisinent d'enfer et chantent la bouche ouverte, parfois pleine, sur des riffs sauvages et dans les bruits de casserole. Pour la mise en boîte à images, ils comptent dans leurs rangs de grands spécialistes du rock, de la gastronomie et de l'histoire naturelle qui savent filmer les gens au plus près de l'âme et des gencives, quand ils n'empoignent pas eux-mêmes la guitare pour accompagner les Hell's Kitchen et jouer du blues à fond au fond de la cuisine.
Olif