Il ne voulait plus être président. 215 semaines après son élection, il pense depuis longtemps à la suivante. Nicolas Sarkozy
est ailleurs. Il passe des heures, des jours à cogiter, travailler, menacer pour sa prochaine compétition, l'élection présidentielle de 2012. Mais, malheureusement, parfois ou souvent,
l'actualité lui rappelle qu'il est encore président avant d'être candidat.
C'est agaçant.
Candidat à temps plein
Un par un, parfois en petit groupe, il les reçoit tous, méthodiquement. Evidemment, ces rendez-vous à l'Elysée ne sont pas
mentionnés dans l'agenda officiel de la Présidence. Nicolas Sarkozy est concentré à 200% sur sa candidature. Et en ce moment, il menace ou cajole, pour mieux les décourager, les soutiens d'une
candidature centriste.
Quel contraste avec 2007 !
L'agenda officiel de sa prmière année élyséenne était surchargé de prises de parole publiques, parfois de quelques minutes sur le perron de l'Elysée, ou de communiqués de presse à l'issue de
chaque rencontre. Il n'y avait pas une heure sans que Sarkozy ait quelque chose à dire ou faire savoir.
Progressivement, cet agenda s'est éclairci. Quelques commentateurs
professionnels expliquaient benoitement que le Monarque cherchait à se présidentialiser, à prendre du recul. En fait, il travaille dur, il bosse fort. Il lit ses sondages privés, organise des
conciliabules tactiques avec son entourage restreint. Et, depuis que Jean-Louis Borloo a annoncé son départ de l'Elysée et la constitution d'une confédération centriste à la rentrée pour porter
sa propre candidature contre lui, Sarkozy est tout entier consacré à débaucher ou effrayer ces nouveaux traîtres.
Ses propres ministres et conseillers « s'y croient », ils se fantasment déjà premier ou ministre d'un futur
gouvernement post-2012. Eric Besson, le félon historique
passé de l'Identité nationale à l'industrie, joue au facho décomplexé qui peut claquer la porte et planter le plateau d'une chaîne aussi gauchiste que M6 quand un reportage sur l'insécurité
nucléaire lui déplait. Henri Guaino, la « chose » politique de Nicolas Sarkozy, conseiller « spécial », spécialement cumulard de salaire (il a conservé sa rémunération du
Conseil d'Etat), expliquait vendredi que Sarkozy était « un grand
président de crise », et que « l'histoire lui rendra justice sur ce point ».
Guaino a toujours eu l'éloge nord-coréenne.
Sarkozy, en représentation
Lundi, Nicolas Sarkozy se
reposait. Comme pour chaque lundi de Pentecôte, et quasiment tous ses ministres, le Monarque était au repos. Mardi, il parlait régulation. C'est l'un de ses grands
dadas. Il ne propose plus rien depuis longtemps, mais il dénonce beaucoup.
Son volontarisme de 2007 n'est devenu que causerie.
A Bruxelles, il s'était ainsi déplacé pour fustiger les déséquilibres des marchés de matières premières : « Le mot
régulation n'est pas tabou ». Mais « "régulation ne veut pas dire contrôle, ça ne veut pas dire fixer des prix arbitrairement ». Il a fustigé la « financiarisation » des
marchés, mais, rassurez-vous, « il ne s'agit pas d'interdire cette financiarisation, ni d'intervenir sur le niveau des prix ». Depuis novembre, la grande idée du Monarque est que les
stocks soient rendus moins opaques afin que la spéculation soit en quelque sorte plus légitime. Ce raisonnement est d'une étroitesse peu surprenante. Sarkozy pouvait toujours causer. Le prix des produits agricoles
restera à un niveau élevé pendant la prochaine décennie.
Dépendance : on tranchera ... en juillet
A Paris, Sarkozy laissa François Fillon discourir sur la dépendance, un chantier qu'il s'était pourtant personnellement
réservé. Il avait des idées bien arrêtées : la dépendance coûte trop cher et de plus en cher. Et autant rendre obligatoire la souscription à une assurance privée. Pas de tabous ! N'écartons rien,
comme disait le Monarque en février dernier, « y compris celle de l'assurance, pour des a
priori idéologiques ». Ce mardi, Fillon n'avait finalement pas grand chose à dire, pas de mauvaises nouvelles à annoncer. Le planning est fixé : son Monarque rendra ses arbitrages... en
juillet. Du Cap Nègre ? Le Président des Riches attend le
coeur de l'été, comme pour la réforme des retraites, pour faire glisser/voter sa réforme... La ficelle est grosse...
Ce mardi, Fillon ne pouvait
garantir qu'une évidence : pas d'augmentation des impôts... Ben non... on préfère que chacun se débrouille avec une assurance privée... « Il faut donc exclure toute augmentation générale
de la CSG parce que ce serait une solution de facilité dont les conséquences pèseraient lourdement sur l’emploi et sur l’activité. En revanche, toutes les autres pistes qui ont été évoquées
restent sur la table. » a expliqué le « premier » collaborateur du Monarque.
Mardi, aucun représentant du gouvernement n'était présent Place de la Réunion, à Paris 20e, pour rendre hommage, comme chaque
semestre, aux morts de la rue, 253 SDF décédés depuis six mois.
Et les affaires ?
Mercredi, Sarkozy ne commentait pas le dernier rebondissement de l'affaire Karachi. Les familles de victimes de l'attentat ont décidé de
porter plainte pour faux témoignage et entrave à la justice contre Jean-Louis Brugière, contre l'ancien juge Jean-Louis Bruguière, candidat UMP malheureux aux législatives de 2007. Ce
dernier privilégiait la thèse de l'attentat suicide, mais, bizarrement, le rapport d'autopsie du poseur de bombe présumé de l'attentat de Karachi ne
figurait plus dans le dossier de l'instruction. Or ce rapport d'autopsie remet en cause la thèse de l'attentat-suicide commis par Al-Qaïda.
Le parquet a du ouvrir une enquête, dès jeudi.
Gageons qu'elle se heurtera, une fois de plus, au fameux « secret-défense » qui protège, depuis 2009, nombre de bâtiments publics. La brigade de répression de la délinquance à la
personne, en charge des investigations, devra chercher à comprendre pourquoi cette obstination de Bruguière.
D'autres documents saisis par la justice et révélés par Mediapart vendredi soir sont tout aussi troublants. On y apprend que
les service secrets français sont rentrés effrayés de l'état de leurs homologues pakistanais, après une visite en juin 2002, quelque semaines après l'attentat («attitude pour le moins
contrastée» ; «manque de professionnalisme» ; «formation assez basique» ; «absence de résultats»)...
Le Monarque s'est en revanche agacé que la presse de s'indigne pas
davantage des 460 millions d'euros de sanctions infligées à la France la semaine dernière, dans l'affaire des
frégates de Taïwan. Il espérait quelques remous médiatiques contre François Mitterrand et Roland Dumas. Cette gigantesque opération de corruption est pourtant plus complexe que cette lecture
si binaire le laisse entendre.
La crise grecque rattrape Sarkozy
Dur... Il faut bosser pour la France.
Jeudi, Nicolas Sarkozy a du modifier les premières lignes de son discours. Il pérorait devant des agriculteurs du monde
entier, rassemblés par la FNSEA pour un forum sur l'avenir du métier. Le président français répéta presque mot pour mot sa déclaration bruxelloise sur les dangers de la spéculation, le défi
alimentaire et l'opacité des marchés.
Vendredi, Sarkozy rencontrait Merkel. Il faut rassurer, une nouvelle fois, les marchés. La Grèce menace de s'effondrer.
Mercredi, des manifestations monstres ont bloqué l'adoption d'un plan de rigueur pluri-annuel. Le premier ministre, un Papandréou socialiste, a été contraint de remanier son
gouvernement, deux jours plus tard. En
attendant, Merkel s'est rangée à l'avis de Sarkozy : les banques privées ne seront pas contraintes de rééchelonner leurs créances grecques. La démarche doit rester volontaire. En d'autres
termes, surtout n'imposons rien aux banquiers !
Le premier plantage de Guéant
Vendredi, un mauvais bilan était publié. Il concerne Claude Guéant. L'ex-grand vizir de l'Elysée est en poste à l'intérieur
depuis 7 mois déjà. Et ses résultats sont ... mauvais, aussi mauvais que ceux de ses prédécesseurs, Sarkozy inclus. Le ministre a eu beau s'agiter et provoquer tant qu'il pouvait depuis le début de l'année, rien n'y fait. Les atteintes aux personnes ont
encore augmenté, cette fois-ci de 3% sur 12 mois, entre juin 2010 et mai 2011. Le cap des 472.000 violences physiques a été franchi. Il y a 6 ans, l'Observatoire de la délinquance enregistrait
moins de 400.000 faits. Depuis 2002, Nicolas Sarkozy nous vend une pseudo-efficacité dans la lutte contre la délinquance qui est une jolie tartufferie.
Jeudi dernier, Marine Le Pen, qui lui dispute à droite, la légitimité frontiste, tenait colloque sur la sécurité. La riche
héritière de son papa Jean-Marie n'avait rassemblé qu'une grosse centaine de militants pour un débat sans idées ni propositions. Son seul expert fut son propre avocat, maître Collard.
Claude Guéant voulait lui voler la vedette lors d'un colloque sur la police
municipale. Les policiers communaux exigent un alignement de leur statut sur celui de la police nationale. Il faut avouer que les ténors de Sarkofrance, depuis 2002, ont tout fait
pour insister sur l'alignement des moyens (armes, taser, etc). Il ne restait plus que le salaire. Les flics du maire n'auront qu'une « médaille d'honneur », seule annonce concrète du ministre ce
jour-là.
Ami sarkozyste, où es-tu ?
Sarkofrance