Les grecs, ont manifesté
avec force et véhémence leur mécontentement et leur opposition farouche à la
cure d’austérité à laquelle ils sont soumis. Si on ajoute à ces mouvements de
foule, l’opposition des conservateurs pourtant largement responsables de la
situation et la défection de certains membres de sa majorité, on est bien loin
du consensus demandé par Georges Papandréou.
Pourtant, sans consensus, impossible de réformer en profondeur la Grèce et
son Etat !
C’est ce qu’ont bien compris ses créanciers puisque l’Union Européenne et le
FMI en font une condition sine qua non à l’octroi de prêts supplémentaires.
Pour le forcer ce consensus, Papandréou a pris le risque d'ajouter la crise
politique à la crise financière et sociale en mettant la tête de son
gouvernement sur le billot.
De ce point de vue, on peut dire que la manifestation de force de la
population tombe plutôt mal au moment ou les dirigeants des pays de l’Eurozone
cherchent frénétiquement une solution pour faire que la chute de la Grèce
n’entraine pas avec elle celle de la maison Euro.
Si on résume la situation très synthétiquement, on peut dire qu’il y a de
plus en plus de réticences, notamment de la part des allemands, à continuer à
balancer des milliards d’euros dans ce qui semble être un trou sans fond et
sans certitude d’en être remboursé un jour. D’autant que la très relative
confiance que pouvaient avoir ses créanciers dans la capacité de la Grèce à se
réformer en profondeur est en train de s’étioler à grande vitesse !
D’un autre côté, ne plus prêter, entrainerait rapidement la Grèce vers un
défaut de paiement qui mettrait à mal tout ses créanciers (dont la BCE) avec un
catastrophique effet de contagion de type Lehman : plus de liquidité et
enchérissement du crédit !
Le chemin du moindre mal est donc fort étroit et pavé
d’incertitudes.
La Grèce, et par la force des choses ses partenaires de l’eurozone (c’est
nous), sont pris dans un engrenage infernal dont on ne voit guère comme ils
pourront s’en sortir.
La situation est donc grave et pendant ce temps là, les grecs manifestent,
en nombre et violemment !
Plus étonnant encore, la population, poussée par les habituels boutefeux
populistes, trouve le moyen de reprocher à ses sauveurs (provisoires), les
exigences qui leurs sont faites en contrepartie de leur aide !
Comme s'il était scandaleux que les préteurs désirent avoir l’assurance
d’être un jour remboursé et s'assurent que les Grecs fassent les efforts qu'il
faut pour cela !
Parce que contrairement à ce que l'on pourrait croire, par une solidarité
certes un peu forcée, mais réelle, l’Union Européenne, le FMI et même la BCE
sont venus au secours de la brebis galeuse, malgré ses mensonges pour se faire
admettre dans la zone euro.
Encore plus sidérant, nous, bonnes pommes, nous nous extasions devant les
mouvements de « révolte » des « indignés », quand nous ne les
encourageons pas à la résistance contre les banques, la Commission
européenne et la « troïka » (FMI, BCE et Union européenne), désignés
au mieux comme des profiteurs de la situation et au pire comme responsables du
marasme grec !
Au lieu d’accuser la finance internationale, le FMI, l’Europe, l'euro ou je
ne sais quel bouc émissaire, il serait préférable que les Grecs se posent la
question de leur responsabilité
collective dans ce désastre.
Pour paraphraser un très ancien proverbe, j'ai envie de dire aux Grecs
"Aide-toi et l’Europe t’aidera !"
Je ne vais pas revenir en détail sur les causes de leur situation, mais la
fraude fiscale à grande échelle, les très nombreuses professions protégées, un
Etat pléthorique et inefficace, des fonctionnaires incompétents voire
corrompus, un budget militaire démesuré, une classe politique partagée entre
quelques clans familiaux adepte de la prévarication, de la corruption et du
clientélisme etc. etc. ne datent pas d’hier et n’ont pu subsister que parce que
tout le monde y trouvait son compte.
En démocratie, un peuple doit assumer ses choix surtout si ceux-ci ont été
tacitement réitérés sur la durée.
A plus forte raison dans le berceau de la démocratie, le peuple ne peut pas
se considérer exempt de responsabilités par rapport aux décisions prises par
les dirigeants qu’il a élus. Même les jeunes ne peuvent pas s’exempter
d’assumer les choix de leurs ainés sous prétexte qu’ils n’y ont pas directement
participé. C’est le fondement même de la démocratie représentative par laquelle
la volonté des citoyens s’exprime par la médiation de représentants
élus.
Ils doivent d'autant plus assumer les conséquences de leurs errements passés
que, non seulement ça les a mis la merde mais qu'ils y entrainent d’autres
pays, d'autres populations, qui elles n'y sont pour rien !
Fort heureusement, en Grèce, certains ont choisis d’assumer et appellent leurs dirigeants et à travers eux, le peuple grec, à un peu de courage : « Changez de mentalité, cessez de naviguer à court terme avec pour seule boussole les intérêts politiciens de chacun et dites vraiment aux Grecs les choses telles qu'elles sont! Il est encore temps de sauver le pays si on se met réellement au travail. »…tiens, un bel exemple dont tous les irresponsables d'Europe devraient s'inspirer, parce que la Grèce ne fait que renvoyer une image, certes un peu caricaturale, mais fondamentalement fidèle de nos propres contradictions !