Petit Palais des Glaces
37, rue du Faubourg du Temple
75010 Paris
Tel : 01 48 03 11 36
Métro : République / Goncourt
Ecrit et mis en scène par Véronique Delille et Jean-Philippe Lallemand
Ma note : 7,5/10
Le spectacle : Les tribulations euphoriques d’un couple de choc qui s’est pourtant trouvé mais qui n’en finit pas de chercher…
De la rencontre dans un jardin public à l’accouchement dans le salon, en passant par le premier rendez-vous, ce spectacle mené à cent à l’heure met en scène un jeune couple moderne, Jean-Phi et Véro, avec qui tout prend des proportions démesurées.
Mon avis : A ma gauche, un sexagénaire s’essuie les yeux avec un kleenex, devant moi, une adolescente s’écroule de rire sur l’épaule de son copain, un gamin d’une dizaine d’années se tape sur les cuisses de plaisir, un peu partout dans la salle fusaient des éclats de rire frais et spontanés… Le délire n’est pas que sur scène, il se propage très vite dans le public, un public très mélangé, inter-générationnel. Car tout le monde y trouve son compte dans ce spectacle tonique et tonifiant, énergique et farfelu.
L’entrée en matière nous plonge de suite dans l’esprit du spectacle. Jean-Phi coiffé d’une perruque, se livre à un numéro sur-vitaminé d’air guitar. C’est aussi dynamique qu’incongru, ça n’a rien à voir avec les sketches qui vont suivre, mais le ton est donné. Surgit alors Véro qui lui demande quelques explications, et les voilà partis dans une sorte d’exposé sur ce qui nous attend. Et vu l’introduction, on en salive à l’avance. On va donc avoir droit à six sketchs, six sketchs qui vont s’étaler dans le temps et nous faire vivre l’évolution de ce couple atypique mais complémentaire depuis leur première rencontre jusqu’à la concrétisation vagissante de leur union : la naissance de leur enfant.
Le spectacle proposé par ce couple en délire est très visuel. Il tient en grande partie sur la performance physique, sur le naturel comique, sur l’inventivité explosive de Jean-Phi. J’en ai vu des spectacles, mais lui il possède quelques trouvailles gestuelles qui n’appartiennent qu’à lui. Avec des membres inférieurs et supérieurs jouissant d’une totale indépendance, un visage d’une rare mobilité, un rictus récurrent, il campe un véritable personnage de cartoon. Il a également une façon de triturer et de martyriser sa veste qui est un excellent ressort comique… Mais il ne pourrait donner toute l’étendue de sa folie burlesque si Véro ne lui en laissait pas l’espace. Elle ne prend toute sa valeur qu’en raison du contraste avec une partenaire qui, elle, garde toute sa maîtrise, semble s’étonner autant que nous de ses gamineries, de son inconséquence et de son comportement irresponsable. Car Jean-Phi est un grand enfant. Tout est matière à jeu pour lui. C’est un gaffeur compulsif. Il sort spontanément des horreurs, réalise dans la seconde leur énormité et s’en excuse aussitôt maladroitement. Mais, quand même, il adore vanner. C’est plus fort que lui, c’est son côté sale gosse. Il ne réalise même pas à quel point il se montrer odieux. Il est en outre en permanence en décalage ; il fuit les responsabilités avec une candeur désarmante et, finalement, il est très docile…
Véro est douce, compréhensive, complètement normale. Elle a des besoins normaux, des désirs normaux, des attitudes normales, des réactions normales. Tolérante et compréhensive, au fur et à mesure que le couple évolue, on la voit devenir de plus en plus maternelle vis-à-vis de son garnement de compagnon. Il y a beaucoup de tendresse en elle.
Les sketchs sont bien écrits, bien interprétés, ils sont réellement réjouissants. C’est du Lallemand & Delille, ils ne copient personne, ils ont créé un univers qui n’appartient qu’à eux et, vu leur façon d’être, on imagine qu’ils n’auront aucun mal à puiser dans leur quotidien pour alimenter leurs spectacles à venir.