Si, depuis 1950, l’Opéra de Nice se distingue par une remarquable stabilité, avec seulement cinq directeurs à sa tête en près de 60 ans, en revanche, l’arrivée de la nouvelle équipe municipale en 2008 se traduit, pour la musique et l’art lyrique, par un certain nombre de turbulences, qui semblent être la conséquence d’un manque de cohérence. C’est ainsi que le mandat de Paul-Emile Fourny, directeur général de l’Opéra, n’est pas renouvelé, de même que celui du directeur de la musique Marco Guidarini, qui avait œuvré pour l’obtention d’un label national. Les médias, largement mobilisés à Nice en juillet 2009, puis à Paris en mai 2010, entendent les promesses des édiles locaux, fiers d’annoncer la « refondation » de l’Opéra de Nice - qui doit être porté au plus haut niveau national, voire international - confiée au tandem Jacques Hédouin/Alain Lanceron. Les qualités humaines d’Alain Lanceron et le brio d’une carrière en tous points éloquente (Directeur d’EMI Classics France depuis 1978, Président de VIRGIN Classics depuis 1996, Président du CNIPAL depuis 2005) sont incontestables et reconnues. Avec Jacques Hédouin, et sa longue expérience à l’Opéra de Lyon et au Théâtre du Châtelet, et dans la perspective d’une réhabilitation artistique de l’Opéra de Nice, sont définies les lignes des futures saisons, faisant alterner, dans un équilibre judicieux, répertoire français, italien, allemand, russe, baroque… Car chacun sait bien que la réussite d’une maison lyrique, digne de ce nom, repose sur une réflexion approfondie et la mise en œuvre d’une démarche artistique à long terme, qui doit tenir compte d’une multitude de critères : spécificité du lieu, moyens disponibles, goût du public, nécessité du rajeunissement de celui-ci, etc… L’étonnante volte face de Christian Estrosi
Voilà plus de cinquante ans que je parcours le monde pour assouvir ma passion de l’art lyrique, de Paris à New-York en passant par Londres, Milan, Orange, Bayreuth, Barcelone, Venise, Parme, Verone, Aix en Provence, etc… En cette qualité, comme en celle de journaliste spécialisé, je pense, en toute objectivité, que la saison lyrique 2010-2011 est l’une des plus brillantes de l’histoire de l’Opéra de Nice. Chefs prestigieux : Michel Plasson, Gennadi Rojdestvensky, Jean-Christophe Spinosi, Evelino Pido, Michaël Güttler … metteurs en scène emblématiques : Robert Carsen, Nicolas Joël, Pierre Audi, Jonathan Kent … interprètes charismatiques : June Anderson, Sophie Koch, John Osborn, Evgeny Nikitin, Charles Castronovo, Ekaterina Siurina, Pietro Spagnoli, Marie-Nicole Lemieux, Jennifer Larmore, Philippe Jaroussky, Ewa Podles, pour n’en citer que quelques uns. Un maire qui a des ambitions sans politique La situation est donc, pour le moins, paradoxale. La saison lyrique n’a été qu’une suite de très gros succès et s’est terminée, en apothéose, avec la mémorable production d’ « Elektra » du Théâtre Mariinski qui a recueilli un triomphe rarement égalé. Pourtant, celui qui en a été - aux côtés du directeur général Jacques Hédouin - le maître d’œuvre a été évincé. Il a néanmoins eu à cœur d’assister à plusieurs représentations de tous les ouvrages programmés, démontrant ainsi son intérêt et son professionnalisme. |