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Paradoxes et turbulences a l’opera de nice

Publié le 18 juin 2011 par Metamag

 

La saison lyrique brillante d’un conseiller artistique évincé


Posté par: Christian Jarniat

 

PARADOXES ET TURBULENCES A L’OPERA DE NICE - La saison lyrique brillante d’un conseiller artistique évincé  

Si, depuis 1950, l’Opéra de Nice se distingue par une remarquable stabilité, avec seulement cinq directeurs à sa tête en près de 60 ans, en revanche, l’arrivée de la nouvelle équipe municipale en 2008 se traduit, pour la musique et l’art lyrique, par un certain nombre de turbulences, qui semblent être la conséquence d’un manque de cohérence. C’est ainsi que le mandat de Paul-Emile Fourny, directeur général de l’Opéra, n’est pas renouvelé, de même que celui du directeur de la musique Marco Guidarini, qui avait œuvré pour l’obtention d’un label national.
En peu de mois, sont nommés, puis révoqués, un Directeur de la Culture (Hubert Tassy) et son adjoint (Yvan Sytnik). On annonce, à grands fracas, la fusion de l’Orchestre Philharmonique de Nice avec l’Orchestre Régional de Cannes, tant pour des raisons artistiques que financières, lesquelles s’écroulent peu de temps après. La mutualisation de ces phalanges a vécu. Philippe Bender n’est que le Directeur, très éphémère, de cette opération sans lendemain ; tout comme le rapprochement des opéras de Nice et Monte-Carlo, qui demeure à l’état de fantasme.

Les médias, largement mobilisés à Nice en juillet 2009, puis à Paris en mai 2010, entendent les promesses des édiles locaux, fiers d’annoncer la « refondation » de l’Opéra de Nice - qui doit être porté au plus haut niveau national, voire international - confiée au tandem Jacques Hédouin/Alain Lanceron. Les qualités humaines d’Alain Lanceron et le brio d’une carrière en tous points éloquente (Directeur d’EMI Classics France depuis 1978, Président de VIRGIN Classics depuis 1996, Président du CNIPAL depuis 2005) sont incontestables et reconnues.

PARADOXES ET TURBULENCES A L’OPERA DE NICE
PARADOXES ET TURBULENCES A L’OPERA DE NICE

Jacques Hédouin                                                       Alain Lanceron

Avec Jacques Hédouin, et sa longue expérience à l’Opéra de Lyon et au Théâtre du Châtelet, et dans la perspective d’une réhabilitation artistique de l’Opéra de Nice, sont définies les lignes des futures saisons, faisant alterner, dans un équilibre judicieux, répertoire français, italien, allemand, russe, baroque… Car chacun sait bien que la réussite d’une maison lyrique, digne de ce nom, repose sur une réflexion approfondie et la mise en œuvre d’une démarche artistique à long terme, qui doit tenir compte d’une multitude de critères : spécificité du lieu, moyens disponibles, goût du public, nécessité du rajeunissement de celui-ci, etc…

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Mais, avant même que le rideau ne s’ouvre sur sa première saison 2010-2011, Alain Lanceron est remercié, fâcheux événement qui soulève la réprobation unanime des professionnels de la musique et de la presse spécialisée. La municipalité niçoise n’a jamais clairement expliqué les motifs de sa décision.
Conflit d’intérêt eu égard aux firmes dirigées par Alain Lanceron ? Qui pouvait sérieusement ignorer que l’intéressé était directeur d’EMI ? C’est précisément pour son carnet d’adresses qu’il avait été engagé et que la ville de Nice lui avait demandé de constituer une société pour pouvoir contracter avec lui. Alain Lanceron a, de surcroît, souligné qu’à la durée de trois ans proposée par la ville, il a suggéré celle d’un an seulement, à l’effet de pouvoir apporter les rectifications nécessaires, si les dispositions conventionnelles soulevaient la moindre difficulté. Appel d’offres non respecté ? Si tel est le cas, il s’agit alors d’une grave carence des services juridiques de la commune à qui il appartient de veiller à la mise en œuvre de cette procédure fondamentale et élémentaire du droit public.
Certaines rumeurs se sont fait jour pour tenter une autre explication : le dépassement du budget imparti. L’argument est absurde. La mission d’Alain Lanceron consistait à proposer une programmation à la direction. Un conseiller artistique n’est pas en charge du budget qui relève des services administratifs et financiers de l’Opéra et de la ville. Alain Lanceron a, de surcroît, clairement indiqué que beaucoup d’artistes avaient accepté de venir à Nice par amitié pour lui avec des cachets bien inférieurs à ceux qu’ils demandent ailleurs.

Voilà plus de cinquante ans que je parcours le monde pour assouvir ma passion de l’art lyrique, de Paris à New-York en passant par Londres, Milan, Orange, Bayreuth, Barcelone, Venise, Parme, Verone, Aix en Provence, etc… En cette qualité, comme en celle de journaliste spécialisé, je pense, en toute objectivité, que la saison lyrique 2010-2011 est l’une des plus brillantes de l’histoire de l’Opéra de Nice. 

Chefs prestigieux : Michel Plasson, Gennadi Rojdestvensky, Jean-Christophe Spinosi, Evelino Pido, Michaël Güttler … metteurs en scène emblématiques : Robert Carsen, Nicolas Joël, Pierre Audi, Jonathan Kent … interprètes charismatiques : June Anderson, Sophie Koch, John Osborn, Evgeny Nikitin, Charles Castronovo, Ekaterina Siurina, Pietro Spagnoli, Marie-Nicole Lemieux, Jennifer Larmore, Philippe Jaroussky, Ewa Podles, pour n’en citer que quelques uns.

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La situation est donc, pour le moins, paradoxale. La saison lyrique n’a été qu’une suite de très gros succès et s’est terminée, en apothéose, avec la mémorable production d’ « Elektra » du Théâtre Mariinski qui a recueilli un triomphe rarement égalé. Pourtant, celui qui en a été - aux côtés du directeur général Jacques Hédouin - le maître d’œuvre a été évincé. Il a néanmoins eu à cœur d’assister à plusieurs représentations de tous les ouvrages programmés, démontrant ainsi son intérêt et son professionnalisme.

PARADOXES ET TURBULENCES A L’OPERA DE NICE

Elektra du Théatre Mariinski
Les édiles niçois réalisent-ils bien que l’art lyrique est une mission de service public et que l’Opéra est une incontournable vitrine culturelle de la ville ? Tous les projets élaborés par Alain Lanceron, pour les trois saisons à venir, sont tombés à l’eau, alors qu’ils devaient, dans le droit fil du souhait du maire, porter l’Opéra de Nice au tout premier rang des théâtres lyriques français. Qu’il suffise de citer, parmi tant d’autres, les noms de quelques artistes pressentis : Roberto Alagna, Joyce DiDonato, Patrizia Ciofi, Rolando Villazon, Simon O’Neill, Mikhail Petrenko, Lambert Wilson, Olivier Py, Robert Carsen, Marc Minkowski, John Nelson, Patrick Fournillier.

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