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Merci à Libfly pour cette belle surprise, ce roman de Manu Joseph, égaré dans ma boite aux lettres. Livre indien. Voilà qui va me rappeler mon petit périple hivernal ! Et en fait, oui et non. Oui parce que le background est indien : mousson, sari, immolation, castes. Et non parce que les petitesses de ces hommes, leurs envies, leurs erreurs sont universelles.Ce livre est à la fois plein d'humour et de sérieux, il jette un regard caustique et réaliste sur l'Inde des brahmanes. Ces hommes qui, par leur naissance, ont tout. Ces hommes qu'Ayyan croise tous les jours. Secrétaire à l'Institut de théorie et de recherche pour le célèbre et brillant Arvind Acharya, il aime écouter aux portes et faire croire que son fils est un génie. Rempli d'ambition, il veut à tout prix que s'efface la distinction entre sa caste, la plus pauvre (les anciens intouchables, renommés dalit mais juste pour la beauté du geste), et celle de ces savants, tous plus farfelus les uns que les autres. Car à l'Institut, on ne fait pas grand chose de sérieux : On tente de trouver une vie extraterrestre. Deux moyens sont préconisés : - le ballon qui attrapera des molécules à une hauteur où la vie est impossible, prouvant ainsi que toute vie est extraterrestre. - L'oreille géante qui percevra les civilisations lointaines. Et puis nos scientifiques font de ces manigances...! Bref, ils ne cherchent pas beaucoup. Le plus brillant et le plus rusé, c'est certainement Ayyan, que nous suivons de près. Non seulement il arrive à embrouiller les plus savants sur le génie de son fils, un garçon sourd, curieux mais surtout avide de plaire, mais il sait aussi jouer ses cartes au bon moment. Nous rencontrons aussi quelques figures féminines, plus effacées, qui pourraient aussi bien être la même femme aux différents âges de sa vie. Et les brahmanes. Pas toujours si dupes, pas toujours bienveillants non plus. Ils sont à la fois la menace permanente des castes inférieures car leur parole est d'or mais surtout ils sont ce modèle que tous souhaitent atteindre.