Mon père, comme tant de milliers de français englués dans l'exode, n'a pas entendu l'appel du Général inconnu, qui, depuis Londres et les studios de la BBC, refusait la défaîte. Il était déjà en route pour l'Allemagne, fait prisonnier comme tant d'autres dès le 10 mai, dans les Ardennes.
Drôle aussi, la forme des premiers passeports diplomatiques à la fin de la guerre : juste une liasse, reliée avec des agrafes et un scotch aujourd'hui jauni, mais avec la mention sacramentelle d'avoir à aider le porteur.
"Nous, Ministre Secrétaire d'Etat au Département des Affaires Etrangères, requérons officiers civils et militaires chargés de maintenir l'ordre en France et prions les Autorités investies de la même mission dans les pays alliés ou amis de la République Française de laisser passer librement Monsieur....chargé des dépêches du Gouvernement, se rendant à ......et de lui donner aide et protection en cas de besoin."
Comme au XIXème siècle, mais avec la photo, tout de même !
J'ai été élevée dans la mémoire de ces années difficiles. Chaque fois que j'y repense, je songe à mes parents, séparés par le conflit, puis réunis à nouveau pour une vie paisible.