[Critique dvd] Le choix de Luna

Déjà le titre ; une invitation à la découverte. De quel choix s’agit-il ? L’histoire prend à témoin une Bosnie  toujours blessée par la guerre. Pour cette jeune femme  il s’agit alors de se (re)construire au cœur d’une nation nouvelle. Aux côtés d’ Amar (Leon Lucev), qu’elle aime de tout son être, et qui ne demande pas mieux que de la suivre. Jusqu’au jour où un ancien copain de l’armée lui propose de rejoindre sa communauté wahhabiste. Confrontée aux principes religieux, l’union des deux amants se lézarde au fil du temps.

Nina a beau faire, dire et même supplier, Amar s’enfonce radicalement dans sa pratique intégriste. Le désir contrarié d’enfants, la perspective d’un mariage, tous ses projets maintenant se heurtent à la barrière de la foi.

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Nina qui doit choisir son camp est maintenant bringuebalée par sa vie confortable d’hôtesse de l’air, une femme libre et indépendante, et son amour pour Amar qui lui demande le plus grand des sacrifices.

« Ils essaient de rendre supportable la douleur de leur passé déchiré par la guerre » raconte Jasmila Zbanic . « Quand j’écrivais le scénario, je regardais les deux personnages comme un seul corps fait de différentes parties. Ils ont des intérêts semblables, les mêmes amis, mais les obstacles de la vie les font réagir différemment. Je souhaitais explorer, dans une relation, ce besoin de s’adapter à l’autre et également ce besoin d’être vrai avec soi-même. »

La réalisatrice pose ainsi clairement les intentions de son film au cœur du problème de la laïcité, et plus particulièrement de l’intégrisme, qu’à mots couverts, elle désigne comme «  une couverture rassurante ».

Après la guerre, les Bosniaques musulmans qui ont survécu au génocide se sont en effet retrouvés sur un terrain désert où leurs anciennes idées ont été massacrées au même titre que leurs droits en tant qu’hommes. L’intrusion dans un autre monde, cette exploration d’une autre voie possible, tout un processus d’endoctrinement est ainsi mis en scène par Jasmila Zbanic, de manière très convenue.  Ce qui l’intéresse avant tout, et qu’elle réussit parfaitement ,c’est  de suivre sans mélo, la destinée de Nina. Un personnage que transcende la belle Zrinka Cvitesic , véritablement habitée par cette femme à la charnière de deux mondes.

A l’image de sa réalisatrice Nina se veut lucide et résolue. Tout en douceur et fragilité Zrinka Cvitesic lui indique la marche à suivre.

Jasmila Zbanic, scénariste-réalisatrice, est née en 1974 à Sarajevo. Avant de devenir réalisatrice, elle a été marionnettiste et clown.  Son premier long-métrage « Sarajevo, mon amour » a remporté l’Ours d’Or au Festival de Berlin en 2008 (ainsi que le Prix Œcuménique et le Prix de la Paix), le Grand Prix du Jury de l’AFI (American Film Institute) et le Grand Prix Odyssey du Conseil Européen pour les Droits de l’Homme.