Rattrapage de fin d’année oblige, on peut préférer revenir sur des oublis intolérables, tels que The Wire. On vous en parlait déjà en Septembre, et la série se fait languir. Il faut dire que le rythme lancinant, mais prenant, ne facilite pas le visionnage intensif. Surtout cette deuxième saison, nous plongeant dans la guerre des docks, entre syndicats et trafics en tous genres.
De la même manière que sa première année, The Wire prend son temps pour installer le cadre de la saison, déplaçant la petite équipe (réunie dans de nouveaux locaux, avec quelques nouvelles têtes) des tours de banlieue aux quais du port de Baltimore. Et là aussi, après plusieurs épisodes de présentation, on entre dans le vif du sujet qu’à la moitié de saison. Les technologies évoluant, on voit nos policiers utilisés de nouvelles technologies pour traquer les trafics du port, les magouilles de douaniers, pas si éloignés des cités. Là aussi, ce qui part d’un simple fait divers (la découverte d’une douzaine de cadavres dans un container) dérive en vaste système mafieux, lié à un caïd appelé Le Grec, et ses sbires ayant noués des liens avec les dockers, et livrant également les autres réseaux de la ville. Les auteurs de la série explorent donc d’autres façettes de leur monde (très réaliste), développant notre vision d’un Baltimore rongé aux racines, où les hommes se débattent entre un pouvoir corrompu (même l’intervention du FBI est faussé par des « taupes »), une violence omniprésente (durant la saison un garçon est abattu dans sa chambre..) et une absence d’espoir assez sidérante. On commence à visualiser que notre équipe de policiers intègres (jusqu’où?) aura à explorer chaque côté obscur de la ville.
Dans tout ça, on retrouve quand même les Barksdale de la première saison, désormais divisés entre les rues et la prison. Sur leur terrain, la concurrence est toujours aussi rude, surtout avec des hommes en moins. Les tiraillements internes font même quelques victimes parmi ceux enfermés, et les graines sont germés pour revenir vers eux ultérieurement, mais là aussi les scénaristes tissent une toile très fine, qui ne demandera qu’à revenir pour la suite. Plus directement, l’intrigue de saison se concentre pour beaucoup sur la situation des dockers, ce qui provoque un changement de cadre assez inattendu, alors qu’on aurait aimé voir développer les conséquences de la première saison. Pas inutile pour autant, on attend de voir ce que la troisième année saura offrir, et si nos experts avant l’heure se retrouvent bien avant la mi saison.