Ils ont tué ( sans voyelle A )
Ho toi , vois du fond , de ce triste ghetto
monter tous ces soupirs en dehors de tous mots
plus d'espoir en ces yeux , que les pleurs de l'enfer
qui brisent les fiertés en petits bouts de verre ...
Les fusils vomissent et les lettres s'envolent
de vos vies de terreur , soumises que l'on viole
puis le bleu se ternit sur l'ocre d'un chemin
des vieux qui voient le temps n'être plus rien , n'être plus rien ...
Tu pleurs doucement l'ignoble servitude
sous un souffle coupé , collier de négritude
vois, tes soeurs expirent , sur fond pourri de geôles
ici, ils ont tué , tes idées , tes idoles ...
Ho toi , sous le joug de cette société
tes ongles sur le fer incrustent " liberté "
d'une terre souillée montent encore les cris
d'un peuple non soumis ou l'espoir refleurit ...
Écoute ce murmure qui monte
trop souvent prisonnier sous les murs des hontes
les fenêtres sont borgnes , les clés ferment les portes
dehors , lugubre son , tinte le bruit des bottes ...
Les corps sont courbés ou rodent les cerbères
sous les ombres résistent des filets de lumière
qui consolent les coeurs et font serrer les poings
pour qu'un jour le mépris crève enfin en coin ...