Huit mois après son départ pour d’autres cieux, Patrick Cauvin publie une étrange histoire de spiritisme et de recherche d’un être cher au delà de la raison, de l’amour, de la mort.
Paul Valenti est un psychiatre honorable. Sa vie bascule le jour où un de ses patients lui affirme qu’une jeune femme hante ses rêves. Un nom revient: « Saulkrasti ». C’est un village au bord de la Baltique. Et ce nom résonne dans la mémoire du psy, ce bled lui rappelle un amour fou dont il ne s’est jamais remis. Un curieux hasard sans doute. Mais un peu plus tard, le patient cite un autre nom : Mulliken. D’où ce type sort-il tous ces mots que le psy connait fort bien, des mots qui ont tous un rapport avec Dakota, la jeune femme dont il était éperdument amoureux ? Le patient va encore plus loin, il la décrit. Le psy croit avoir la berlue, c’est bien elle, sa Dakota, son âme-sœur. Les souvenirs refluent, mélange de tendresse et de douleur. Leur amour avait connu des moments d’extase, mais s’était soldé par une rupture violente, dont ils ne s’étaient jamais remis.
Valenti avait surpris Dakota dans les bras d’un autre, et elle hurlait de plaisir, et dans son visage se lisait un orgasme que le psy ne lui avait jamais connu. Il ne le lui a jamais pardonné, a refusé de la revoir. Depuis il vit dans le remords et le doute, sans pour autant admettre cette infidélité. Mais peut-on se permettre de ne pas pardonner, et que penser lorsque ce manque de clémence conduit au drame ? Peu à peu, c’est le psy qui va se confier au patient. Les rôles s’inversent, Valenti parle et bat sa coulpe. Il regrette amèrement d’avoir laissé la porte fermée. Le patient lui apprendra une bien triste vérité. Mais qui est donc ce type, comment connait-il si bien sa complice d’autrefois et les détails de leur relation ?
Toutefois, on ne retrouve pas la plume humoristique de l’auteur, qui est ici plus sévère que d’habitude. On peut se demander si un roman de Cauvin sans humour, ce n’est pas comme un avion sans ailes, un éléphant sans trompe ou une Fiat sans panne. Mais il faut reconnaitre que dans un registre plus grave, il se débrouille fort bien. Roman tendre fait d’un mélange d’ingrédients, une intrigue légère mais (sur)prenante, un peu de psychologie, de l’émotion, du sexe. Un peu de tout à petites doses. Je vais peut-être faire hurler, mais Cauvin est pour moi un des grands romanciers populaires du siècle. Patrick, si tu nous lis de là-haut, plaise au Ciel, ne change rien, continue à gratter le papier.
La nuit de Skyros par Patrick Cauvin. Éditions Plon
Date de parution : 07/04/2011 Isbn : 225920550X