Le projet de loi de finances rectificatif instaure une contribution de 35 euros pour pouvoir saisir la justice. Autrement dit, pour pouvoir porter plainte, il faudra désormais payer. C'est passé comme ça à l'Assemblée Nationale, comme une lettre à la Poste, sans que finalement personne ne s'en offusque.
Eh bien moi, aussi insignifiant que je sois, même si je suis tout seul dans mon coin, ça m'offusque. Et bien plus que cela même : ça me révolte. Ca veut dire quoi en réalité ? Tout simplement qu'on instaure une justice à 2 vitesses, une pour les riches qui pourront porter plainte, et une autre pour les plus pauvres, qui désormais faute de pouvoir porter plainte, n'auront affaire avec la justice qu'en tant que justiciable. Vive l'égalité républicaine !
Et pour faire passer la pilule, on nous bassine que les exceptions seront nombreuses, que les plus fragiles n'auront pas à payer. Ben tiens ! ils ne paient pas aujourd'hui, mais demain ? Parce qu'hier, personne ne payait ! Et c'est comme tout, 35 euros en octobre, combien dans dix ans ?
Dans cette affaire, la droite oublie juste un petit détail. La grande majorité des affaires de justice ne concernent pas le pénal, mais le civil. Ce sont des questions de divorce, de voisinage, de problèmes ayant rapport à la vie quotidienne. Il n'est déjà pas simple de se déplacer pour porter plainte contre son ex-conjoint pour une sombre histoire de garde d'enfants, ou pour une question de tapage nocturne, il le sera évidemment encore moins demain s'il faut raquer !
On nous répond qu'il y a bien un ticket modérateur pour l'hôpital, pourquoi n'y en aurait-il pas un pour la justice ? Mais il est scandaleux de payer dans les deux cas ! Le droit à la santé, le droit à la justice, ça ne se monnaye pas, Bordel de merde !
Ah oui, cette fois-ci, je fais dans l'injure. 4 ans que je me retiens contre ce gouvernement d'incapables et cette opposition complice par son silence. 4 ans que je me contente d'argumenter à chaque nouvelle saloperie, mais là, trop, c'est trop ! Et demain, il faudra payer pour avoir le droit de marcher sur les trottoirs devant chez soi ?
C'est qu'il faut, parait-il, financer la réforme de la garde à vue qui impose un avocat dès la première minute. A titre personnel, je considère cela comme un progrès, mais le problème n'est pas là, il réside dans le nombre incroyablement élevé de gardes à vue. A force de multiplier les lois liberticides, à vouloir faire dans le tout sécuritaire, forcément on multiplie les gardes à vue. D'autant plus si on supprime des postes de policiers qui se servent alors de ce moyen pour pallier le manque de personnel.
Nous n'avons pas à financer la réforme de la garde à vue, nous n'avons pas à payer les pots cassés d'une politique sécuritaire qui a échoué dans les grandes lignes. Nous n'avons pas à payer pour avoir accès à la justice, c'est une question d'égalité, d'équité et de ... justice.