Dans un township de Johannesburg survit Tsotsi, un jeune voyou qui occulte tout souvenir de son passé, jusqu’à son nom. Il n’a ni passé, ni futur, vivant au jour le jour, dans ce présent plein de haine et de violence. Un soir, un de ces amis assène Tsotsi de questions sur son histoire. En guise de réponse, il le tabasse violemment.
Tsotsi disparaît alors dans la nuit, errant de rue en rue. Il se retrouve alors dans une banlieue aisée et y aperçoit une femme qui tente en vain d’ouvrir son portail pour y rentrer sa voiture. Tsotsi saisit l’occasion, il sort son arme, l’agresse, tire et s’échappe au volant de la voiture, laissant la femme agonisant sur le trottoir et pleurant son bébé resté à l’arrière. Ce bébé que Tsotsi souhaite garder lui donnera en quelques jours l’amour qu’il n’a jamais eu. Lui qui semble condamné à une vie sans amour marqué par la violence ordinaire, changera sa vie et ses habitudes pour cet être sans défense.
Tsotsi est avant tout un roman d’Athol Fugard, publié en 1980, et qui rencontra un grand succès. Dés la sortie du roman, Tsotsi intéressa bon nombre de producteurs hollywoodiens. Plusieurs scénarios adaptés du roman furent écrit avant que le producteur Peter Fudakowski ne s’intéresse à lui. Il cherchera alors des soutiens financiers, mais il semble qu’adapter sur grand écran une histoire essentiellement basée sur un dialogue intérieur parut particulièrement difficile à promouvoir.
Lorsque Gavin Hood réalise Tsotsi, il cherche à créer un « thriller psychologique bien rythmé et porté par le héros, cherchant également à entraîner le publics dans un monde de contraste radicaux : gratte ciel et cabane, richesse et pauvreté. (…) Le défi du film était d’arriver à plonger le spectateur dans l’univers d’un personnage marginal et asocial et de développer au fil du scénario leur empathie. » Pari réussi puisque Mon nom est Tsotsi fut un succès dans de nombreux pays, remportant de nombreuses récompenses, notamment l’oscar du meilleur film étranger de l’année 2005.
Ce film marque également l’émergence d’un nouveau cinéma africain à succès. En effet il semble que traiter de l’Afrique soit devenu un thème « bankable » dans de nombreux pays. Après le succès d’Hôtel Rwanda (trois nominations aux oscars), et celui de Blood Diamond (nommé aux oscars 2007), Mon nom est Tsotsi semble donc correspondre à ce nouveau cinéma qui pointe les problèmes de l’Afrique sans tabous, donnant aux spectateurs occidentaux une image de l’Afrique qui ne se résume plus aux tribus de sauvages et aux animaux du Roi Lion. Reste à espérer que le spectateur ne ressort pas indifférent à ce qu’il vient de voir.
Article original écrit et publié par Amandine DONGOIS