Ainsi va l’ »alternance ». En début de mandat, le gouvernement Sarkozy fait venir une personnalité d’ »ouverture » pour plancher sur un projet que le gouvernement de fin de mandat corrigera dans le sens de la fermeture. N’y voyez surtout aucun opportunisme. Une simple « amélioration ». Qui a le mérite de faire tourner le débat entre la droite d’ouverture et la droite très à droite, dite « sociale » ou « populaire », selon les goûts.
Ce n’est pas comme si ces mots avaient un sens… Beau tempo en tout cas. Qui permet à la convention de l’UMP sur l’assistanat, pardon, sur la « justice sociale », d’avoir l’air de proposer un « juste milieu ». Quelques semaines après que le ministre des affaires européennes, Laurent Wauquiez – la Droite sociale -, a poussé son coup de gueule contre le « cancer de l’assistanat ».
C’est vrai que c’est une priorité. Tous ces « salauds de pauvres » qui se goinfrent en essayant de grappiller 100 euros de plus par mois… Quelle indécence. Même le premier ministre, François Fillon, parut s’offusquer de l’initiative. Mais le ballon d’essai était lancé. Et voilà qu’un sondage Internet, dont OpinionWay a le secret, conforte la droite dure, pardon, sociale. Maintenant qu’on leur pose la question ainsi, 70 % des Français sont révulsés ! Vous les pensiez révoltés par le montant de certains salaires patronaux ? Les parachutes dorés ? Le capital insuffisamment taxé ? La rente immobilière qui s’accumule pendant que la crise du logement continue ? Vous étiez à côté de la plaque. Tout ça, le peuple le vit très bien. A moins qu’OpinionWay ait oublié de le leur demander…
Heureusement, la droite populaire et sociale est là pour porter la parole du peuple, surtout contre le social. Et ils nous le disent franchement, l’assistanat, ça peut plus durer. Certes, ils nous le disaient déjà au moment de la mise en place du RSA, qui était censé y remédier. Mais, aujourd’hui, ce n’est plus assez.
Il faut trouver mieux, secouer tous ces assistés ! Même pas pour faire des économies. Le RSA est financé et l’incitation à des heures d’utilité sociale coûtera aux contribuables. Non, comme ça, pour le plaisir de se faire un petit débat au sein de la majorité. Les handicapés et les inaptes au travail sont exclus du jeu. Trop cruel. On finirait par se croire aux jeux du cirque. Mais il reste du beau linge dans l’arène. Des profiteuses, comme ces femmes seules qui élèvent leurs gosses sans trouver d’emploi. Des paresseux, comme ces agriculteurs qui bossent quatorze heures par jour sans toucher aucun salaire. Et tous ces feignants que l’UMP veut faire lever de leur « canapé ».
Allez hop, un peu d’exercice. Cinq heures d’ »utilité sociale » sinon on vous coupe le courant. D’ailleurs, au fond, est-ce assez ? Et si on proposait un peu d’exercice à domicile. Après tout, quand il rentre chez lui, le pauvre retourne dans son canapé… Et se ramollit de nouveau. Ne pourrait-on pas profiter des nouvelles technologies pour envisager un système de stimuli électroniques, qui enverraient une petite décharge – pas grand-chose – quand le pauvre s’enfonce dans la partie molle de son Clic-Clac ?
Voilà qui ouvrirait l’espace à un débat politique fascinant. Entre la droite douce qui se contenterait d’un petit 12 volts et la droite hyperpopulaire qui prônerait la fermeté : un bon 28 volts. Qu’est-ce qu’on s’amuserait à mettre ainsi les doigts dans la prise… Jusqu’à l’arrêt cardiaque complet. Où le corps social, agonisant, votera pour la chaise électrique en croyant zapper.
Caroline Fourest pour son blog
Merci à Section du Parti socialiste de l'île de ré