Hymne à la vie !
Comment mettre des mots sur une œuvre qui les évite ?
En toile de fond, Terrence Malick invite à suivre des bribes de vie d’une famille américaine des années 50. C’est l’histoire intimiste d’un père qui exprime ses frustrations par de la violence et d’un fils aîné qui a de plus en plus de mal à contenir sa colère. Mais c’est aussi l’histoire d’une famille croyante meurtrie par la perte d’un enfant et celle d’un frère qui emportera ses blessures et les démons du passé jusqu’à l’âge adulte. C’est l’histoire d’enfants qui cherchent à comprendre ce monde où rien n’est éternel.
Ceux qui s’attendent à un récit linéaire et à une narration structurée ressortiront probablement déçu de ce film. Terrence Malick dévoile en effet son récit à coup de flashs riche en non-dits et entrecoupés d’images qui laissent sans voix. Recherchant un langage universel reposant plus sur l’illustration que sur la narration, il va au-delà une simple histoire de famille et propose un véritable voyage cinématographique riche en émotions. Un délire visuel qui passe par du magma en fusion, des dinosaures, des planètes, des arbres, l’océan, l’au-delà et… la famille O’Brien. Recherchant parfois trop la beauté visuelle, noyant parfois l’infiniment petit dans l’infiniment grand ou dans la spiritualité, cette œuvre qui invite à communier avec la vie malgré la mort, peut par moments paraître prétentieuse, mais ne laisse certainement pas indifférent.
Avec seulement cinq films à son actif en trente-cinq ans de carrière, Terrence Malick n’a certes pas recherché la facilité et abandonne le spectateur avec de nombreuses interrogations. Faut-il quitter la salle en chérissant la poésie qui vient de nous bouleverser ou en maudissant le fait de ne pas parvenir à déchiffrer l’entièreté du message livré par le cinéaste ? Probablement un peu des deux, mais avec le sentiment d’avoir vécu une expérience cinématographique hors du commun et d’avoir vu d’excellents acteurs à l’œuvre, avec un Brad Pitt monstrueux et un Sean Penn excellent malgré un rôle qui ne dépasse pas quelques minutes. Et vous ne manquerez pas de noter la présence de Vicky Boon au générique de fin. Eh oui, j’ai épousé une vedette !
Festival du Film de Cannes 2011
Palme d’Or