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Philippe d'Arvisenet : ralentissement temporaire de la croissance

Publié le 17 juin 2011 par Boursomax
Les données conjoncturelles récentes, les révisions en baisse pratiquées par de nombreux prévisionnistes suggèrent que la croissance américaine sera moins forte que prévue. Est-ce que vous partagez cette opinion ?
PHILIPPE D'ARVISENET
Il est vrai qu'il y a eu un certain nombre de révisions. Personnellement, nous étions plutôt vers le bas du consensus pour ne pas dire en dessous puisque nous avions, il y a plusieurs mois de ça, publié 2,4 %. Le consensus se baladait vers les 3. Donc le consensus révise en baisse. Première chose, au début de l'année, la conjoncture était assez décevante. On s'attendait à une révision en hausse du chiffre du 1er trimestre. Il était confirmé à 1,8, ce qui n'est pas terrible. Les indicateurs avancés dont on dispose aujourd'hui comme l'ISM, l'enquête auprès des directeurs d'achats, nous dit que la croissance est toujours là. Mais les composantes commandes, production sont plutôt décevantes donc on ne s'attend pas à une grosse accélération, dans les mois qui viennent, je vais dire. Derrière ça, il y a plusieurs éléments. Rapidement, bon, d'une part, il y a naturellement ce qui existe partout, c'est-à-dire, l'accélération des prix du pétrole au cours des derniers mois qui a amputé le pouvoir d'achat à une période où le chômage restant élevé, naturellement il pèse sur la formation des salaires. Alors des salaires qui font du 2, et des prix qui font du 3, je ne vous fais pas de dessin. Le 2ème élément, c'est qu'il y a une très grosse incertitude en ce qui concerne le budget américain dans les prochaines années comme chacun sait. Et donc ça... A quelle "sauce", j'allais dire, va-t-on être mangé ? Va-t-il y avoir des hausses d'impôts ? Ne va-t-il pas y en avoir ? Le système de pension va-t-il être remis en cause ou pas ? Donc ça crée de l'attentisme et ça pèse sur la confiance. Et enfin, le dernier élément, je dirais, c'est que, même si le marché du travail va un petit peu mieux, vous voyez que le chômage reste élevé. Je l'indiquais. Et également le secteur immobilier qui avait profité temporairement, l'année dernière, d'un programme d'allègement en faveur des primaux accédants. Ce programme est arrivé à son terme, le marché de l'immobilier s'est réaffaissé avec une activité qui reste très basse et des prix qui ont recommencé à baisser. Alors d'un autre côté, en Europe, malgré la crise de la dette souveraine, la croissance a dépassé celle des États-Unis.
Sybille Dehesdin
Est-ce que cette croissance peut durer ?
PHILIPPE D'ARVISENET
Alors la croissance effectivement, a fortement rebondi au 1er trimestre, nous nous y attendions, sans beaucoup de mérite parce que les indicateurs conjoncturels plaidaient en ce sens. Le rebond était sans doute un peu plus fort que ce qui était annoncé par les dits indicateurs parce qu'il y a un effet de rattrapage, notamment des effets climatiques avaient plombé la construction dans un certain nombre de pays à la fin de l'an dernier, je pense notamment à l'Allemagne. Bon, les indicateurs tels qu'ils sont aujourd'hui, c'est-à-dire en avril-mai, qui nous indiquent ce qu'il se passe dans les prochains mois, sont toujours bons mais moins favorables qu'ils ne l'étaient en janvier-février. Donc nous attendons une croissance qui a fait 1 %, d'un trimestre sur l'autre, 4 en rythme annuel. Nous attendons une croissance qui se réduirait peut-être de moitié dans les trimestres qui viennent. Ça nous donnerait une croissance dans la zone Euro, d'au moins 2 %, ce qui serait sans doute un peu mieux que ce que l'on pouvait imaginer, il y a six ou huit mois, compte tenu de l'environnement toujours marqué par cette crise de la dette souveraine.
Sybille Dehesdin
Est-ce que ça peut durer sur le moyen-long terme ?
PHILIPPE D'ARVISENET
Écoutez sur le moyen-long terme, nous sommes dans une phase d'assainissement, naturellement qui pèse sur la croissance donc 2 % ce n'est pas quelque chose de formidable. Vous avez l'Espagne et l'Irlande qui ont eu une crise immobilière et bancaire jointes. Historiquement, on voit qu'il faut des années pour sortir de là. On a une croissance qui est affaiblie de ce point de vue-là. Les programmes d'assainissement très violents, mais nécessaires, qui sont en œuvre en Grèce et au Portugal, naturellement, freinent la croissance. Nous sommes dans ce paysage. Cela étant, il ne faut pas oublier l'hétérogénéité parce que d'un côté, vous avez les pays dits de la périphérie, dont je viens de parler. D'un autre côté, vous avez une Allemagne qui, quand on parlait de 4 % au début de cette année, 1 % d'un trimestre sur l'autre, l'Allemagne, elle, faisait du 6. Donc tout le monde n'est pas dans le même paysage.

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