Henri Deluy a composé pour le Temps des cerises un livre autour de Maïakovski, L’Amour, la poésie, la révolution. Un choix de poèmes, des traductions et présentations signées de sa main tandis que l’illustration est empruntée à Alexandre Rodtchenko.
L’extraordinaire
La basse se perd en gammes de moustiques.
Au grand air, les assiettes se taisent.
Le papier,
aux murs
pâlit…
pâlit…
se noie dans les tons des eaux-fortes.
Du mur
qui recouvre la ville
Böcklin
a dessiné Moscou en « Île des morts »
Il y a longtemps, très longtemps.
À plus forte raison
Maintenant.
Rien de plus simple !
Là,
dans la barque,
serré dans un suaire,
le passeur immobile.
Des mers ?
Des champs ?
Le silence annule toute bruissement.
Loin après les mers –
les peupliers
dressent dans le ciel leur charogne.
Et quoi –
J’arrive !
Aussitôt
Les peupliers
se libèrent du sol,
vont,
tapent du pied.
Les peupliers sont devenus la mesure du silence,
les gardiens de la nuit,
les miliciens.
En quatre morceaux
le blanc Charron,
est devenu la colonnade des Postes.
Vladimir Maïakovski, L’Amour, la poésie, la révolution, Choix de poèmes, traductions, présentations Henry Deluy, Illustrations Alexandre Rodtchenko, Le Temps des Cerises, 2011, pp. 118 et 119.
Vladimir Maïakovski dans Poezibao :
bio-bibliographie, extrait 1, Écoutez si on allume les étoiles, extraits 2, extrait 3, ext. 4
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