Par quel prisme verrons-nous et apprendrons-nous ce qui se passe dans cet édifice, sis au cœur du quartier Saint-Rock à Québec ? Là est toute la question, prisonniers de la plume de la jeune auteure qu’est Amélie Panneton pour visiter un appartement après l’autre. Eh bien, quelle agréable surprise, et le mot « surprise » n’est pas à prendre à la légère ! Chaque chapitre équivaut à une rencontre, avec Félix, Pénélope, Anne, Philippe ou Rodrigue (pour ne nommer que ceux-là) et égare sainement le neurone. Ces explorations de vies amènent, je ne sais pas où exactement, mais ailleurs. Un juste dosage d’intrigant est ajouté à chaque regard, à chaque univers, et je suis sortie convaincue, plus que jamais, que la gent humaine est particulière, tout en étant normale.
Colocation oblige, l’auteure dépeint les relations entre certains, et on apprend à connaître par l’interrelation obligée par le partage d’aires communes, comme la cour arrière. Les relations sont complexes sans être tordues. L’équilibre dans le ton s’installe, servi par une plume qui virevolte et s’accorde aussi bien sous le « tu », le « nous », le « vous », le « je ». Quelle aisance dans cet exercice de style remarquablement réussi !
Ça m’a amenée à me demander : comment peut-on avoir autant d’assurance et de maturité quand on est en début de carrière et de vingtaine ? Le talent, le travail, un tour de magie ? Les trois, sûrement les trois.
Auteure à suivre absolument pour son unicité qui nous entraîne dans les chambres d’un « imprévisible » décliné avec subtilité et poésie. Histoire de vous en donner un avant-goût, cette phrase que j’ai savourée « Il neige un peu et l’espace entre les flocons semble être habité par de délicates pochettes de silence ».
Le charme discret du café filtre, Amélie Panneton, 160 pages, 2011, Collection Parking des éditions de La Bagnole