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Faut-il être stupide pour confier son destin aux pires prophètes
*
De catastrophe en catastrophe
Il semble que l’insensibilité des hommes
Soit devenue la règle commune
Mais aussi la fosse
*
Faudra-t-il aller jusqu’au bout du chemin
Parsemer de larmes la route qui nous attend
Passer aux oubliettes les viols et tortures
Les enfants morts de bombes scientifiquement approuvées
.
Rien ne va plus au casino où les tristes humains se déchaînent
Jouant à la roulette russe des destinées qui ne leur appartiennent pas
*
Moi
Immobile et dans l’ombre
Brûlant de vous voir sourire dans la caresse d’un vent fou
.
Moi
Grain de sable perdu sur la plage de bonheurs en fuite
Goutte d’eau dans la mer des sentiments contradictoires
.
Moi
Qui n’ait pour toute arme que mots à décliner
En pages multipliées sur des soupirs matinaux
.
Puis-je seulement vous dire mes rêves et espérances
Saurais-je rompre les murs que vous construisez si vite
Franchir les parapets
Abaisser vos digues d’indifférence
*
Si je vous dis qu’Ayat
En mots de fièvre
Dénonça l’inacceptable
Et le paya de son corps meurtri
Sous les assauts d’hommes qui ne méritent pas ce nom
.
Si je vous dis qu’Ahmed
Pour avoir clamé le droit d’un peuple à disposer de lui-même
Fut lâchement abattu
.
Si je vous dis qu’à l’orient du monde
Dans l’indifférence
Et le silence orchestré
Se joue une partie
Qu’Hiroshima ou Nagasaki réunis
N’égaleront jamais
.
Si je vous dis que toute poésie et tous rêves
Sont interdits dans les rues de Damas
.
Si je vous dis
*
Mais que puis-je dire encore qui vous réveillerait de votre torpeur
Qui briserait le silence coupable de vos charentaises puantes
Qui vous inciterait à descendre sur les avenues
Occuper les places et les boulevards
Vous parler et échanger votre soif de vivre
Si différente de celle de posséder
.
Que puis-je dire encore
Sinon mon cœur meurtri
Et mes larmes en fleuve
Mon sang bouillonnant
Mes pensées furieuses
.
Manosque, 15 mai 2011
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