John MausWe Must Become The Pitiless Censors Of Ourselves
Artiste hautement respecté et apprécié pour certains, John Maus est totalement inconnu des autres (et les autres sont nombreux) bien qu'il ait été musicien pour de très nobles gens tels qu'Ariel Pink et son Haunted Graffiti (qu'il a rencontré pendant des études à LA) ou encore Panda Bear. Depuis 2006 et la sortie de son premier album (Songs), on commence à davantage s'intéresser à cet homme, et c'est un sacré personnage. John Maus, 31 ans, était aussi professeur de philosophie à Hawaï et il étudie pour avoir un doctorat en Sciences Politiques. Il a des paroles intrigantes comme "sex with car (...) / sex with movie star / sex with Ringo Starr" et il suffit de regarder des interviews de lui gesticulant et parlant dans tous les sens pour se rendre compte que l'Américain a l'air d'être aussi intéressant qu'étrange. Quant à ses performances scéniques, elles semblent assez folles. Ce mois-ci sort chez le label londonien Upset The Rythm le troisième album de Maus, sobrement intitulé "We must become the pitiless censors of ourselves".
John Maus s'est dit d'avance insatisfait de ce disque. Il a l'impression d'avoir répété ses deux précédents albums sans se réinventer, et il songerait à faire dans l'expérimental à l'avenir. Comme si sa musique actuelle n'était pas déjà singulière. Sa marque de fabrique ? Plein de vieux synthés, toujours des synthés, et une voix extrêmement grave et froide, parfois martiale, parfois plus aérienne. Voilà la pop selon John Maus, et effectivement, ce nouveau disque ne déroge pas à la règle. Oui, il ressemble à Songs et Love Is Real (2007), mais il faut croire qu'on n'en a pas encore eu assez, puisqu'on arrive à trouver ce troisième LP tout aussi réussi et qu'on le réécoute volontiers même s'il est un peu trop sombre pour cette saison.
L'ensemble de l'album est assez cohérent pour qu'on ne remarque pas plus un morceaux qu'un autre, ou presque. Bon, puisqu'il faut balancer des titres, on s'aventurerait quand même bien à passer en soirée "Quantum Leap" ou "Believer", les pistes les plus évidentes de la galette. "Keep Pushing On" n'est pas en reste non plus. En revanche, le duo avec Molly Nilsson qui reprend sa chanson "Hey Moon" est plus ennuyant qu'autre chose. C'est peut être bien l'uniformité, le vrai problème de We Must Become The Pitiless Censors Of Ourselves. Davantage de folie, comme dans Songs, aurait permis au disque d'être moins lassant à la longue. Finalement, même si son album est loin d'être raté comme il le prétendait, au contraire, c'est une bonne idée pour John Maus de changer de voie pour la prochaine fois. Et on l'attendra au tournant.
"Quantum Leap"
"Keep Pushing On"