Un tétraplégique s'est plaint sur Twitter de la prise en charge des services de soins censés lui venir en aide au quotidien et son cas risque bien de faire jurisprudence.
Une seule douche par semaine
Louis Van Proosdij, 43 ans, est une figure respectée dans son milieu professionnel. Chef d'entreprise à 20 ans et à la tête d'une nouvelle startup depuis cinq ans, son parcours professionnel a tout d'un sans-faute ; il vient d'être convié à l'Élysée pour l'annonce du Plan Numérique 2012. Sur son blog, voilà comment il décrit son quotidien : "Je travaille beaucoup, souvent jusqu'à quinze ou seize heures par jour, souvent sept jours sur sept. Je dévore la vie avec passion".
Il est tétraplégique depuis l'âge de 16 ans, suite à un accident de sport et cela ne l'a jamais empêché de gravir les échelons et de mener une brillante carrière. "Mon handicap n'existe que 2 heures par jour : 30 minutes le soir où j'ai besoin de l'aide d'un tiers pour me coucher, 1 heure ou 1h30 le matin pour qu'on me lève, douche, habille, et assoie au fauteuil."
Mais depuis 15 jours, Santé Service, l'organisme du service public hospitalier chargé de gérer les soins médicaux à domicile, a changé son protocole de soins. Depuis, la toilette de Louis van Proosdij est faite dans son lit et à raison d'une seule fois par semaine. Son lit double a été remplacé par un lit médicalisé "avec un matelas plus dur que des tatamis de judo", ses besoins se font dans une cuvette avec un gant de toilette sur son lit, son coucher est imposé entre 21h et 22h et il n'est plus prioritaire pour être levé le matin,"ce qui [lui] vaut d'être régulièrement prêt à seulement 10h45 ou 11h", écrit-il.
Privé de travail
Louis van Proosdij est désormais contraint à réduire son activité puisqu'il est levé si tard et lavé si peu. "Mon corps sent un désagréable mélange de savon et de sueur, ça me démange et me pique, je me sens mal, sale et très inconfortable. En l'état il m'est strictement impossible de travailler. Je ne peux décemment pas me présenter en rendez-vous ainsi, le cheveu gras, hirsute, et malodorant. C'est indigne !"
Et lorsque l'entrepreneur a fait remarquer qu'à cause de ce nouveau protocole, il ne pouvait plus mener à bien ses projets, il s'est vu répondre : "Mais Monsieur van Proosdij, peut-être faut-il arrêter de vous leurrer, et accepter que votre handicap ne vous permet peut-être pas de travailler à temps plein comme vous vous entêtez à le croire depuis des années".
Un buzz sur la toile
Aprés avoir posté sur son blog un long billet décrivant son humiliation, le net s'est enflammé via les réseaux sociaux et notamment Twitter. Des anonymes lui témoignent leur soutien, bien vite rejoints par des politiques. Mercredi, Louis van Proosdij poste sur Twitter : "Tout va certainement s'arranger vite, les ministères ont été extrêmement réactifs, Santé service dialogue. Calmons le buzz".
Eric Besson est également intervenu sur le réseau social et "demande à mon cabinet de le recevoir vite. Vais essayer de l'aider". Son cabinet quant à lui ajoute : " Louis a ouvert une brèche. Nous allons travailler à engager l'action plus en avant et plus largement".
Mercredi soir, Santé Service, association à but non lucratif qui coordonne des services de soins en Ile-de-France, a publié un communiqué. "Par son blog, ce matin, nous avons pris la mesure de la détresse de notre patient, et dès aujourd'hui nous lui avons proposé de réfléchir ensemble à une amélioration de son quotidien au contact de nos équipes".
Louis van Proosdij espère maintenant que ce buzz permette à l'ensemble des personnes handicapées d'être traitées avec égards et respect."De tout cela doit sortir une analyse constructive qui bénéficiera à tous handics, patients, soignants, structures".