"J'ai écrit au président de la République il y a quelques jours", a expliqué Rama Yade. "Je lui ai dit que j'étais disponible pour discuter du jour où je peux quitter mes fonctions sans que cela
nuise aux intérêts de la France vis-à-vis de l'Unesco, qui est une organisation fantastique", a-t-elle ajouté. Selon elle, Nicolas Sarkozy doit la recevoir "vendredi ou samedi". Le porte-parole
du ministère des Affaires étrangères Bernard Valero a déclaré que la démission de Rama Yade serait effective en juillet.
"Je souhaite m'engager librement" (Rama Yade)
"On est en train de s'organiser avec Jean-Louis Borloo pour la campagne électorale (de 2012). Je souhaite m'engager librement et totalement à ses côtés en ayant du temps". "Je vais être intégrée
dans le dispositif beaucoup plus officiellement en jouant un rôle particulier. Il est important pour moi de m'investir librement, totalement, auprès de Jean-Louis Borloo."
Rama Yade avait rejoint le Parti radical de Jean-Louis Borloo, peu après que celui-ci avait quitté le gouvernement, comme elle, en novembre. L'ancien numéro deux du gouvernement prenait ainsi
acte de la décision de Nicolas Sarkozy de garder à Matignon François Fillon et donc de ne pas le nommer Premier ministre, comme il l'avait envisagé. Dans la roue de Jean-Louis Borloo, elle
expliquait alors que l'UMP, à ses yeux, ne mettait pas suffisamment l'accent sur la cohésion sociale. La démission de Rama Yade, qui devrait rapidement être officielle, ne constitue pas une
surprise. Il y a plusieurs mois déjà que l'ancienne secrétaire d'État aux Droits de l'homme puis aux Sports avait commencé à rompre les ponts avec le chef de l'État.
"On va faire une super équipe" (Borloo)
Rama Yade a multiplié les critiques contre la politique gouvernementale ou contre les positions de l'UMP. À propos du débat sur l'islam par exemple, elle a accusé le parti majoritaire de faire
des musulmans de France des "assignés à résidence religieuse". Elle a également vertement critiqué le retard mis par Nicolas Sarkozy pour prendre la mesure des révolutions tunisiennes et
égyptiennes, dénonçant "la realpolitik, dans sa forme la plus brute", de la France vis-à-vis de ces révolutions. En mars dernier, entre les deux tours des cantonales, elle a appelé à voter pour
le PS en cas de duel avec le FN, alors que la consigne présidentielle était le "ni, ni" (ni PS, ni FN). Et le 28 mars, elle a lancé : Jean-Louis Borloo, c'est "le sarkozysme en mouvement".
Le président du PR a d'ailleurs "salué" immédiatement mercredi "son courage et son honneur qui ne sont pas de nature à surprendre les Français". "On va faire une super équipe ! Son engagement
auprès de moi m'oblige encore plus", a-t-il déclaré. Jean-Louis Borloo annoncera officiellement cet automne sa décision de se présenter ou non à la présidentielle. Plusieurs voix s'étaient
élevées à l'UMP pour s'indigner de sa liberté de ton, et demander sa démission de l'Unesco. En avril, à la question "c'est Nicolas Sarkozy qui a fait en sorte que vous soyez à l'Unesco ?", elle
avait répliqué agacée : "Oui, parce que sinon, avant, j'étais dans la brousse, c'est ça ? (...) "J'existais avant, j'existerai après." Quelques jours plus tard, le porte-parole du gouvernement
François Baroin avait indiqué qu'un message sur "les obligations de réserve imposées" aux ambassadeurs avait été "adressé très clairement" à Rama Yade. "On l'a mise en demeure de choisir entre
Nicolas et Jean-Louis", affirmait, mercredi soir, un membre du Parti radical.
Source : Le Point