C’est ainsi que le Maitre des clés s’adresse à Neo, Trinity et Morphéus alors que Smith les pourchasse et que tout semble bloqué…Peut-être devrait-elle avoir vu Matrix. En tout cas lorsque je rencontre celle que nous allons appeler Eléonore (jolie prénom vous ne trouvez pas…), son point de vue est tout autre. Je suis alors à Dakar au Sénégal et je ne peux pas m’empêcher cet entretien qu’elle me propose alors qu’elle a découvert mes centres d’intérêt professionnels.
Je fais bien sûr les questions de routine. La formation académique ? Les autres formations complémentaires, les centres d’intérêts, la vie associative, les talents, les voyages et je vais beaucoup apprendre d’elle.
Elle est titulaire d’un Master spécialisé plutôt intéressant (je tais la spécialisation). Elle a une riche vie associative et participe avec beaucoup de dévotion aux activités de son association. Elle a même voyagé déjà pour d’autres pays de l’Afrique et de l’Europe grâce à ce dynamisme dans son association…Mais voilà, elle n’assure pas les fins du mois.
« Je suis découragée. J’ai tellement déposé mes dossiers sans suites. J’ai aligné des stages et des petits boulots. Rien ! Je souhaite ouvrir ma propre entreprise dans le domaine de la mode…mais il faut des moyens. »
Combien de fois n’ai-je pas écouté ces paroles à travers l’Afrique…Combien de jeunes n’ai-je pas rencontré qui sont ainsi au bord du désespoir… J’essaye d’aligner quelques unes de mes théories sur la recherche d’emplois à Eléonore…Mais visiblement, elle ne croit plus en rien, surtout pas à ces théories de psychologue optimiste et qui semble penser que la vie dépend souvent de ce qu’on en fait soi même…
Nous contournons donc le sujet et je laisse quelques heures passer. Je profite d’un petit moment de répis pour lui demander si elle avait remarqué que nous étions en compagnie de quelques personnes qui pouvaient l’aider. C’était en effet tous des responsables de haut niveau, mais elle avait surtout pensé à participer à l’atelier…à se rendre intéressante et jamais à aller droit au but, jamais à oser autre chose que les sujets prévus. Je lui ai proposé de discuter directement avec ces personnes de ce qu’elle souhaitait professionnellement…avec hésitations, elle s’est finalement lancée. Nous avons préparé la démarche ensemble. S’introduire, présenter ce qu’elle est venue faire…et tourner la discussion autour de ses perspectives professionnelles en lien avec les domaines de travail de ces responsables. En l’espace de quelques heures, Eléonore a transformé sa participation à cet atelier en un espace de campagne de positionnement professionnel. Elle a puisé les dernières énergies qu’elle avait pour tenter une démarche qu’elle n’avait pas essayé jusque là alors qu’elle en avait déjà eu l’occasion.
L’atelier est fini et nous sommes rentrés depuis un moment. Je ne l’ai pas vu depuis. Je sais que la structure qu’elle est venue représenter a été contente. Puis, elle m’a fait un mail…c’était la semaine passée…Elle vient d’obtenir son premier poste international grâce à l’une des personnes rencontrées au cours de cet atelier par cette démarche non prévue, mais qu’elle a accepté d’essayer. Ce n’est pas un poste à gros sous…Mais sa vie prend une nouvelle tournure.
Oui, une issue…il y’a toujours une issue. Parfois la différence est dans nos démarches.