Au cours de cette période de chômage aggravé par les conséquences de crise financière mondiale de 2008, les informations concernant le recrutement d’enseignants remplaçants par le Pôle Emploi et, simultanément le Rapport du Conseil Economique et Social relatif à sa gestion, sont révélateurs du mode de traitement actuel du chômage en France.
La publicité sur le recrutement d’enseignants de l’Education Nationale est un symbole qui consacre la fin de la mission d’éducation scolaire confiée à des fonctionnaires ou à des remplaçants titulaires. C’est l’indicateur de la fin du monopole de la fonction publique en matière d’enseignement public. L’abaissement massif des effectifs dans ce secteur, par ailleurs politiquement visé au plan politique en raison de l’influence des syndicats d’enseignants, induit de fait une libéralisation de l’accès à l’enseignement, confié désormais à des personnes non formées au métier d’enseignant.
Et chacun sait qu’il ne faut pas y voir qu’une simple conséquence des coupes claires qu’a subies le budget de l’Education Nationale, mais le signe affiché d’une victoire sur le fameux Mammouth dont parlait l’ex Ministre René Alègre.
Quant à la gestion du Pôle Emploi, j’y vois pour ma part le double avantage que représente l'importance des radiations: réduire le coût de l’indemnisation du chômage en France, et réduire le nombre de chômeurs déclarés.
Le Pôle Emploi n’est plus un service pour aider les chômeurs à retrouver un emploi, mais une machine à exclure.
Le Pôle Emploi est le Bureau National du Mépris : pour les chômeurs qui perdent leurs indemnités et
qui dans leur immense majorité veulent travailler; pour les salariés du Pôle Emploi qui n'ont pas les moyens d'accompagner les chômeurs qui n'ont pas trouvé d'activité par leurs propres
moyens..et qui ne sont pas tombés dans la trappe du Père Ubu.
J’ai dit
Plume Solidaire
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Source : Capital.fr
Le 14/06/2011
La gestion de Pôle Emploi sévèrement critiquée
Deux ans et demi après sa création, Pôle Emploi fait l'objet d'un rapport très critique du Conseil économique, social et environnemental (CESE). Et, encore une fois, l'efficacité de l'accompagnement des chômeurs est mise en cause.
Moyens insuffisants, aides inefficaces… Après l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) et la CFDT, le CESE pointe du doigt les dysfonctionnements de Pôle Emploi. Dans un avant projet d'avis, qui sera examiné en assemblée plénière mardi et mercredi, l'institution estime que la fusion de l'ANPE et des Assedic, effective depuis janvier 2009, n'a pas délivré les résultats espérés.
Les experts concèdent que cette réorganisation s'est faite au pire des moments, le déclenchement de la crise économique ayant entraîné une explosion du nombre de demandeurs d'emploi (+587.000 sur la seule année 2009). Mais la réforme n'a pas été suffisamment préparée. A titre d'exemple, aucune étude d'impacts, évaluant ses conséquences sur le plan organisationnel et budgétaire, n'a été réalisée.
L'un des objectifs de la réforme était de généraliser le suivi individualisé des chômeurs. Or, "moins de 40 % des demandeurs d’emplois disposeraient d’un conseiller personnel", souligne le CESE. En cause notamment, l'augmentation de la charge d'activité des agents. A la fin de l'année 2010, chaque conseiller suivait plus d'une centaine de chômeurs en moyenne. On est donc loin de l'objectif des 60 dossiers affiché par le gouvernement avant la fusion.
Les moyens mis en place sont eux aussi jugés trop faibles. L'enveloppe consacrée aux aides au reclassement (414,2 millions d'euros) a diminué de 11,2% en 2011 et représente moins de 10% des dépenses. Même révision en baisse du côté du financement de la formation.
Conséquence : Pôle Emploi est bien moins efficace que la plupart de ses voisins européens. "Le taux de sorties mensuelles vers l’emploi équivaut à 4,8 % des demandeurs en France, contre 9,1 % en Allemagne et 8,2 % au Royaume-Uni", note le rapport.
Pour améliorer l'accompagnement des chômeurs, les analystes émettent 22 recommandations. Principe phare : replacer les demandeurs d'emploi au cœur du système, via un suivi personnalisé, un nombre de dossiers par conseiller plus limité et davantage de formations. Des mesures qui nécessitent plus de moyens, tant sur le plan financier qu'humain…
© Capital.fr
Le 26/10/2010 07:45
"Les chômeurs sont démunis face aux radiations expéditives de Pôle emploi"
A en croire le rapport réalisé par Pôle emploi, deux tiers des chômeurs seraient satisfaits des prestations fournies par l'agence. De quoi faire bondir Rose-Marie Lévy Pechallat, co-administratrice du site internet recours-radiation.fr, dont le but est d'aider les chômeurs à faire reconnaître leurs droits. Entre les défauts d'actualisation et les radiations administratives tout est fait pour sortir les gens des statistiques du chômage, déplore-t-elle.
Capital.fr : Pourquoi avoir lancé le site recours-radiation.fr ?
Rose-Marie Lévy Pechallat : L'idée est venue lorsqu'un de nos amis s'est fait radier de l'ANPE par
erreur et s'est trouvé face à un mur pour faire reconnaître ses droits. Le fondateur du site, qui est juriste, a alors décidé de mettre à la disposition de tous, les documents nécessaires pour
faire face à l'administration. En tant qu'ex-salariée de Pôle emploi et ayant participé aux Commissions de recours contre les radiations, je connais bien leur façon de procéder, ce qui est aussi
fort utile. Nous nous appuyons aussi sur un réseau d'avocats pour accompagner les personnes qui nous sollicitent sur nos forums. Notre objectif est d'aider les chômeurs qui se trouvent démunis
face aux radiations expéditives. La plupart du temps et grâce à notre aide, ils parviennent à se faire rembourser les sommes dues, mais cela prend du temps et ils peuvent ainsi se retrouver un
mois ou deux sans ressource.
Capital.fr : Percevez-vous une montée en puissance des radiations des listes de Pôle emploi ?
Rose-Marie Lévy Pechallat : L'audience de notre site étant encore limitée – 30.000 visiteurs uniques
en août – il est difficile de dresser des généralités. Pour autant, les radiations administratives de Pole emploi ont encore augmenté de 4,9% en septembre sur un an et nous enregistrons une
hausse croissante de nos consultations. Nous avons aussi de plus en plus de messages sur nos forums de chômeurs rayés des listes pour des raisons pour le moins contestables. Il est évident que
tout est fait pour sortir les gens des statistiques du chômage.
Capital.fr : Quelles sont les pratiques les plus courantes ?
Rose-Marie Lévy Pechallat : De nombreux chômeurs sont radiés pour « absence à convocation ». Rien
d'anormal, sauf que de plus en plus de personnes affirment ne pas avoir reçu la fameuse convocation. Devant la multiplication de ces cas on peut légitimement se demander si Pôle emploi les a bien
envoyées. Surtout, peu de gens le savent mais c'est à Pôle emploi de prouver que cette convocation a bien été reçue, et seul l’envoi en recommandé avec accusé de réception peut le prouver. Nous
avons aussi des exemples de chômeurs dont les allocations ont été coupées car ils étaient arrivés 10 minutes en retard à leur entretien. Les conseillers n'ont rien voulu savoir et n'ont pas
cherché à prendre en compte les pannes de voiture ou les conditions météo.
Capital.fr : La plate-forme téléphonique mise en place par Pôle emploi constitue-t-elle une avancée pour informer les chômeurs ?
Rose-Marie Lévy Pechallat : Les rendez-vous téléphoniques semblent, en fait, devenir une source de
plus en plus fréquente de contentieux. Il suffit que vous ne puissiez pas répondre au téléphone à l'heure dite pour être radié. L'utilisation de la plate-forme téléphonique 39.49 est aussi
pernicieuse. Les téléopérateurs ne sont pas toujours suffisamment formés et ne sont en tout cas pas habilités à prendre des décisions. Lorsqu'un chômeur appelle pour décaler son rendez vous car
il a un problème de garde d'enfants, par exemple, le téléopérateur lui répond qu'il transmet l'information. Le chômeur pense alors être dans son bon droit. Erreur, car ce motif n'est pas
considéré comme valable, ce que s'est bien gardé de lui dire son interlocuteur au téléphone. Et la sanction est sans appel. Pôle emploi a tendance à oublier facilement son devoir d'informations
envers les chômeurs.
Propos recueillis par Frédéric Cazenave