Mon interview sur l'e-transformation de la formation pour une étudiante à l'Institut de formation Léonard de Vinci

Publié le 16 juin 2011 par Sophie Richard-Lanneyrie

Voilà ci-dessous la trame de l'interview sur l’e-transformation de la formation pour une étudiante à l’Institut de formation Léonard de Vinci.

Quelles sont d’après-vous les grandes tendances en terme de développement de l’elearning en France par rapport à l’étranger du point de vue des usages : Pour les apprenants, Les entreprises (DRH), Formateurs et écoles/universités.

Il y a une réelle opportunité de développement du marché du e-learning en France. Celle-ci est liée au développement de la formation continue et universitaire.

La formation « tout au long de la vie » (avec ses extensions DIF et autres) implique la nécessaire mise à niveau des collaborateurs des entreprises du fait de l'avancée rapide des moyens à leur disposition. Le e-learning est un moyen de développement de l'entreprise et une façon d'augmenter le ROI. Le lien entreprises/universités est important. Les entreprises ont des besoins internes qui motivent les investissements en formation, cela fait partie de leur stratégie.

Par ailleurs, de plus en plus d'étudiants veulent obtenir un diplôme de prestigieuses universités, par exemple, mais qui se trouve excentrées par rapport à leur lieu d'habitation.

Le soucis se trouve à plusieurs niveaux :

- Celui des mentalités : trop nombreuses encore sont les entreprises qui ne sont pas encore prêtes à intégrer ce type de produit dans leur stratégie de formation. Mais cela tend à se modifier.

- Celui de la qualité des formations : une formation e-learning comprends 3 compétences : la qualité des modules de formations – qui doivent être dispensés par des pédagogues expérimentés dans leur domaine – le type de plate-forme et la tutorisation. Ce dernier point étant à mon avis ce qui fera la différence au niveau de la qualité des formations avec la qualité du contenu. Et leur valeur.

Ajoutons que le développement du mobile learning permet également d'envisager un complément intéressant à une formation avec une approche de mobilité qui peut être un atout non négligeable au niveau des révisions par exemple.

Voir mon article sur le JDN : http://www.journaldunet.com/solutions/expert/49066/les-nouvelles-technologies-au-service-de-la-formation.shtml

A l'étranger et en Amérique notamment, les choses sont différentes. Les mentalités et les développement sont plus avancés. Mais nous rattrapons notre retard.


2- 2010 : année du décollage du e-learning
L'année 2010 était annoncée comme l'année du « décollage » de la formation en ligne : 
Qu’en est-il réellement d’après vous ? en France et à l’étranger ? En quoi Les besoins de formation évoluent-ils et pourquoi ?

Pourquoi aux USA ce sont les particuliers qui représentent une part importante du marché de l’elearning ?

Cela tient à la structure de l'économie américaine. La société américaine est orientée « business ». Le marché, les entreprises, les idées, la créativité, le melting-pot de la société...tout justifie le développement d'un tel système d'apprentissage aux USA.

Le management en Amérique se fait par objectifs. Les objectifs indiquent le but et l'outil de mesure des résultats et les moyens pour les atteindre sont clairement précisés. Tout doit être claire et explicite et donc compréhensible au-delà des différences cultures de la société américaine.

En France le management repose sur un sens individuel qui pousse chaque individu à faire ce qui lui semble être son devoir en fonction de son métier. Ne pas atteindre ses objectifs conduit à un échec. Alors qu'en Amérique le notion d'échec est moins impliquant car tout le monde à droit à une "seconde chance".  Ce type de management et d'organisation facilite donc la mise ne place du e-learning à grandes échelle, comme vecteur de la « seconde chance » par l'accroissement et a mise à niveau de ses connaissances. N'oublions pas que le e-learning réduit la fracture sociale.

Voir mon article sur le JDN : http://www.journaldunet.com/ebusiness/expert/48029/en-route-vers-l-e-pedagogie.shtml

Au EU la culture orale est forte, l'évaluation se fait essentiellement par qcm. Le e-learning dans l'enseignement supérieur implique une forte structuration de l'organisation autour de l'apprenant qui est placé au centre du système éducatif. L'éducation est un marché parmi d'autres. Les étudiants sont des clients qui paient pour suivre leurs études en échange de quoi ils attendent de recevoir un service équivalent. La gestion (matérielle et financière) des cours de l'étudiant est également au cœur du dispositif : sa contribution financière est imputée à un cours et pas à une inscription (ce qui facilite le calcul des coûts d'amortissement).

En retour l'université lui offre des services (système concurrentiel oblige) : le but des étudiants est d'obtenir leur diplôme. L'entreprise (université ou autres) doit donc mettre à leur service tous les moyens qui peuvent les aider à atteindre ce but. La structure met tout en œuvre pour satisfaire les besoins de ses étudiants. Elle mobilise tous les services nécessaire pour qu'il aille au bout de sa formation.

Parallèlement, pour maintenir le prestige de l'enseignement dispensé, les professeurs doivent pouvoir se former régulièrement. Or, leur temps libre se trouve surtout durant l'été donc à un moment où ils sont loin de leur lieu de travail (école, universté...).

La stratégie d'investissement en e-learning en Amérique permet de faire face aux nombres importants et grandissants du nombre d'étudiants tout en accroissant les potentialité des établissements. Ce type de pratique permet aussi de pouvoir bénéficier de la qualité des cours des professeurs qui fournissent le contenu, celui-ci tenant compte des retours de leurs étudiants. Tout le monde y trouve sont compte.

Prenez des grandes entreprises comme Standford ou Berkeley qui se sont dotées de programme e-learning très en amont alors que le modèle économique de telles formations n'existait pas encore. Microsfot, Cisco, Intel, Apple, IBM, et bien d'autres sont présentes dans la Silicon Vallée et apportent une valeur ajoutée essentielle à la formation par e-learning dans le cadre de programme d'innovation pédagogique.

L'accès à Internet est facile. La technologie crée de nouveaux besoins. Cela dit la technologie ne suffit pas à elle seule pour faire une formation e-learning de qualité. Elle doit être accompagnée d'une démarche pédagogique et d'objectif précisément déterminés.

Le e-learning contribue à créer des communautés apprenantes qui transforment le rapport professeur/étudiant classique.

Il contribue également à réviser la stratégie des entreprises en leur offrant de réelle perspectives de débouchées à leurs collaborateurs sans que ceci soit préjudiciable à la bonne marche de l'entreprise. Cela peut-être une source d'émulation.


4- La convergence e-learning et Knowledge Management (KM) est-ce un développement important aujourd’hui dans les entreprises ou est-ce un phénomène encore embryonnaire ? et pourquoi ? que peut on dire de la France par rapport à l’étranger ?

Le KM - ou Management des connaissances - désigne toutes démarches visant à déployer des organisations, des outils et des comportements, qui permettent d'améliorer les capacités, d'acquérir, de capitaliser et de partager des connaissances requises pour développer une activité ou atteindre des objectifs de performances individuels ou collectives. Il s'agit de partager et d'échanger des connaissances, des savoirs, des savoirs-faire.

Voir mon article sur le Journal du Net : http://www.journaldunet.com/management/expert/47823/pourquoi-faire-converger-e-learning-et-knowledge-management.shtml

Apprendre doit être une attitude et une motivation tout au long de la vie. Mais l'apprentissage doit s'affranchir des barrières du temps, de l'espace, du support par rapport au contenu. Ce que l'on appele les « 3W » : « what you want », « when you whant », « where you want ».

Voir mon article sur le JDN : http://www.journaldunet.com/ebusiness/expert/47856/mobile-learning-et-e-learning--des-concepts-de-formation-en-pleine-essor.shtml

L'apprentissage entraine ainsi l'apparition de « communautés apprenantes » qui mettent en commun le contenu, partagent les expériences et permettent une réutilisation ultérieure.

5- Les clés de la réussite
Les clés du succès des entreprises de e-learning : un tutoring personnalisé qui apporte de « l'humain » à la formation. :  concrètement comment cela se passe ?

Le tutoring se développe via les formations proposées en « blended learning ». C'est à ce niveau, avec la qualité du contenu, que l'innovation va jouer son rôle fondamentale.

Dans ce type de formation le rôle du tuteur apparait avec des activités de facilitateur, de médiateur et de guide pour l'apprenant. Il est « le référent » de sa formation celui qui sait. C'est en fait le professeur de nos classes en présisentiel qui assume ce rôle. Mais cette fois, il doit gérer une classe virtuelle d'étudiants à distance qu'il relie entre eux. Cela passe par la vérification des connaissances, à l'appui de devoir à rendre via le mode électronique, du suivi des résultats de l'élève, de la réponse à ses questions...De la création de support de cours pour aider l'étudiant dans sa formation, de regroupement via des classes virtuelles, groupes de discussions, tchats...afin de donner des rendez-vous qui imposent une présence à une heure et sur un lieu virtuel ou réel précis. Cela permet de réunir, de regrouper des étudiants.
 

6- Le e-learning est une méthode d'apprentissage moins répandue en France qu'en Espagne ou en Allemagne où le principe des classes virtuelles sont courantes. Plus de 50 % des grandes entreprises espagnoles et 40 % des grandes sociétés allemandes utilisent l'e-learning contre 24 % en France. Pourquoi ce retard en France : uniquement dû aux mentalités ?

Oui. Et aussi au fait qu'il existe jusqu'à maintenant peu d'entreprise qui proposent ce type de service. En fait, il faut avoir une légitimité pour faire de la formation qui était jusqu'à présent l'apanage des universités, des écoles (privées ou publics) ou de l'éducation nationale (le Greta par ex).

Les éditeurs de livres scolaires se sont lancés également dans l'édition de logiciel pour les apprenants. Ils ont la légitimité de produire ce type de supports parce qu'ils s'appuient sur des professeurs expérimentés. C'est la raison de leur succès. L'enseignement (public ou privé) doit être fait par des pédagogues, des personnes qui ont les compétences, les qualifications et l'expérience pour le faire. Il s'agit tout de même de former des "cerveaux", tout le monde n'en est pas capable.


L’adresse du site de ces étudiants : www.laviva-communication.com