Plus de 90 000 jeunes sortent de l’université sans diplôme chaque année
Face à ce constat, l’AFIJ, association nationale d’aide à l’insertion professionnelle des jeunes sortants de l’enseignement supérieur, vient de mener l’expérimentation REBOND sur l’accompagnement dejeunes en échec universitaire qui a été soutenue par le Fonds d’expérimentation Jeunesse et des collectivités locales associées.
Suite à cette expérimentation, le rapport du Sénateur DEMUYNCK sur « le décrochage universitaire », rendu public hier, propose notamment un recours à l’AFIJ pour “mettre en place des dispositifs de réorientationperformants” (proposition n°11 du rapport DEMUYNCK) :
« Le recteur pourrait assurer en maîtrise d’œuvre directe la coordination de l’offre de réorientation au sein de l’espace académique d’enseignement supérieur et déléguer l’opérationnel de la mission de réorientation vers l’emploi à l’AFIJ sur la base de l’expérience menée par cette dernière dans le cadre des projets Hirsch. Sous réserve d’une évaluation positive, le travail effectué par l’AFIJ auprès des étudiants décrocheurs de plusieursuniversités pourrait être reproduit sur l’ensemble du territoire national. L’intérêt et l’originalité du projet en cours est d’avoir ciblé pour la première fois des décrocheurs en rupture aussi bien avec l’université qu’avec le marché de l’emploi et de leur proposer un retour vers l’emploi à travers plusieurs dispositifs.
Le mix communication de l’AFIJ a permis de détecter des grands décrocheurs et de les faire revenir dans unparcours de réussite professionnelle voire de retour à la formation pour certains.
Cette structure de coordination aurait notamment pour objectif d’encourager la signature de conventions entre les différents partenaires telles que dans les exemples pré cités et de faciliter et d’accompagner ainsi les réorientations. » (page 106)
L’AFIJ souhaite maintenant échanger avec les pouvoirs publics sur ces résultats et ses préconisations afin d’envisager avec eux les suites à y donner et la pérennisation d’un accompagnement des jeunes décrocheurs par l’AFIJ et ses partenaires.
>> L’AFIJ a mené une expérimentation sur un échantillon significatif
L’expérimentation « Rebond » que vient de mener l’AFIJ apparait comme un élément particulièrement important pour éclairer la question de l’accompagnement des décrocheurs universitaires. L’action menée par l’AFIJ a été « curative » et pleinement complémentaire des actions « préventives » menées par les universitésauprès d’étudiants en difficulté qui fréquentent encore leur établissement. La cible a été constituée de jeunesne fréquentant plus leur établissement d’enseignement supérieur et recherchant une solution d’insertion :emploi direct, contrat d’alternance, etc.
A partir d’un travail de repérage national sur 33 sites universitaires, une population significative a été mobilisée. 2 378 étudiants décrocheurs ont ainsi intégré l’expérimentation entre l’automne 2009 et février 2011 :
• 708 jeunes (30%) ont bénéficié d’un accompagnement collectif et constituent le groupe témoin de l’expérimentation et
• 1 670 jeunes (70%) ont bénéficié d’un accompagnement individuel et renforcé avec des variantes.
Parmi ces derniers, trois critères de différenciation de l’accompagnement ont été introduits :
• Formalisation de l’engagement par la signature d’un contrat d’accompagnement pour un jeune sur deux,
• Orientation vers des métiers en tension (et des métiers peu connus ou méconnus) pour une moitié d’entre eux.
• Mise en relation avec des professionnels sous forme de « parrainage » pour une petite moitié d’entre eux.
Ces trois critères pouvant bien entendu se croiser ; par exemple à peu près un quart des jeunes ont cumulé le positionnement sur des métiers en tension et le parrainage vers l’emploi.
>> De nombreux partenaires ont été mobilisés
L’AFIJ a développé de nouveaux partenariats de terrain dans ce cadre, dont les plus actifs sont avec lesChambres des Métiers et de l’Artisanat, les Centres Régionaux Information Jeunesse, le réseau desentreprises et recruteurs, les délégués territoriaux de l’Agence Nationale des Services à la Personne. De nombreuses conventions ont d’ailleurs été signées, posant ainsi les bases d’un partenariat visant la mutualisation des ressources et des moyens mis œuvre en faveur de l’insertion de ces jeunes décrocheurs.
>> Des résultats et des leçons apparaissent déjà
Les résultats définitifs du suivi et de l’accompagnement seront connus au terme de l’évaluation. Toutefois, des tendances et des leçons apparaissent déjà.
Parmi les jeunes qui ont accédé à une solution positive :
• 50% sont sous contrat de travail dont la moitié en alternance ;
• 43% ont repris des études initiales ;
• 7% se sont dirigés vers d’autres solutions (stagiaires de la formation professionnelle pour 1,8%, préparation d’un concours pour 3,6% et création d’entreprises pour 1,8%).
L’une des premières conclusions de l’association est que l’accompagnement des jeunes en échecuniversitaire est nettement différent de celui des jeunes diplômés. Les solutions positives diffèrent, le rapport au projet professionnel également, l’attitude des jeunes par rapport à la problématique études/emploi est autre, etc.
>> Une évaluation scientifique de l’expérimentation est en cours
Cette opération s’accompagne d’une évaluation externe et indépendante conduite par une équipe derecherche du CREST Malakoff (CNRS-INSEE). L’expérimentation a été menée dans des conditions scientifiques qui permettront d’évaluer les effets de différents types d’accompagnement.
Cette évaluation implique la réalisation de diverses enquêtes exhaustives, auprès de tous les bénéficiaires, destinées à mesurer les résultats du dispositif. La première vague de résultats de l’évaluation du Laboratoire CREST Malakoff sera disponible en octobre 2011 et la seconde en 2012. Ces résultats permettront de mieux connaitre ce public et de mettre en évidence l’efficacité de chaque type d’accompagnement.
>> Les actions de l’AFIJ en faveur des jeunes en échec universitaire se poursuivent en 2011
L’AFIJ poursuit des actions en faveur de l’insertion professionnelle des jeunes en échec universitaire en 2011 principalement avec le soutien de Conseils régionaux (Centre, PACA, Rhône-Alpes, etc.).
Elle note que ce public jeune est clairement désigné comme une priorité par l’Accord National Interprofessionnel du 7 avril 2011 sur « l’accompagnement des jeunes demandeurs d’emploi dans leur accès à l’emploi ».
L’AFIJ souhaite pérenniser la dynamique mise en place et généraliser son action pour répondre aux besoins identifiés sur l’ensemble des sites universitaires dès la rentrée 2011 pour les étudiants qui « décrocheront » pendant l’année universitaire 2011-2012 en mobilisant les moyens nécessaires.