Etienne Faure publie Horizon du sol, aux éditions Champ Vallon. Lire la note de lecture d’Antoine Emaz à propos de ce livre.
Longtemps condamné au lit comme à l’internement
il scrutait fixement dans les papiers peints
des motifs d’évasion, lignes de fuite,
des baies en auréole où s’embarquer
pour l’infini, l’espace d’une heure,
les yeux ronds d’étonnement que la vie s’y cache,
tapissée au gré des saisons de nymphes
aux blancheurs de gel
– les corps aussitôt peints devenant des nus –
ou bien de fleurs insistantes,
exhalant quoique fanées depuis longtemps
un même enfermement dans la torpeur
spectrale – non pas sommeil –
à flotter en surface aux côtés de son propre corps,
dépouille, non, remuement que le soir
dément.
troubles du soir
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Très en deçà de l’attention qu’on porte
à l’ouvrage accompli, l’outil
qui permit d’en découdre, autant ciselé
que la confection à laquelle il prit part,
restera oublié, bouche en cisaille
dans un tiroir perdu ou pendu à l’établi,
nié aussitôt que rangé, inerte,
à ne pouvoir parler sans la main qui l’anime
en sa splendeur où furent gravées parfois
les initiales du manieur acéré,
sa seule propriété avec la langue – autre outil –
pour humecter le fil, les dents le rompre,
l’angle de l’ongle pour tracer la ligne
et le pied actionner le mouvement qui perce,
à régulière distance, y fait rentrer le fil,
belle traverse – la couture
bouches cousues
Etienne Faure, Horizon du sol, Champ Vallon, 2011, pp. 44 et 54.
Etienne Faure dans Poezibao :
Bio-bibliographie, extraits 1, Légèrement frôlée (R. Klapka), débat sur la revue de création (Salon de la revue 2007), extrait 2, Vues prenables (par T. Hordé), un entretien (avec T. Hordé), extrait 3
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