Un chef-d’œuvre sans perspectives !
Dans cette nouvelle histoire à dormir debout, Julius Corentin Acquefacques ne se retrouve plus enfermé dans un environnement où l’espace est limité et soigneusement rationné, mais doit se rendre dans l’inframonde, un endroit situé au-delà du rêve et de la réalité, pour y retrouver … un point de fuite. Il faut dire que sans ce point qui sert de repère aux lignes de fuites et permet ainsi de donner du volume à une représentation en 2D, le monde de Julius Corentin Acquefacques manque cruellement de profondeur. Du coup, les personnages se retrouvent dans une dimension située quelque part entre la 2D et la 3D, la 2,333ème dimension pour être précis. Vous imaginez l’horreur pour le dessinateur ?
Afin de réparer ce monde sans perspectives, notre fonctionnaire au Ministère de l’Humour se rend donc dans un univers riche en surprises. De cases qui s’envolent à un passage en 3D pourvu de lunettes adaptées, en passant par des brouillons crayonnés et des univers parallèles dessinés (« La Mouche » de Trondheim et « La fièvre d’Urbicande » de Schuiten et Peeters), l’aventure proposée par l’auteur déborde une nouvelle fois d’intelligence et de créativité. Marc-Antoine Mathieu continue de jouer avec les codes graphiques, sort ses personnages des cases et repousse une nouvelle fois les limites du support.
Si les jeux de mots sont une nouvelle fois jubilatoires, il faut également applaudir ce passage où la 3D est parfaitement exploité. Il suffit de jeter un œil au hors-série de l’excellente série « Mutafukaz » (It came from the moon !) pour constater que ces lunettes 3D n’apportent pas toujours un plus au récit.