Du côté de Pignans ...
C’était chez des amis logeant prés d’où j’habite
Au bord de la rivière une cabane les abrite.
Ils vivent là l’été, dans la sérénité,
Des herbes, des tomates, le pastis pour téter,
Donner du rêve aux femmes, et aux hommes des envies.
L’anis coule bien frais aux gosiers, plus de souci
Le soleil écrase tout, les oiseaux se taisent
La rivière laisse entendre ce murmure qui apaise.
Je regardais couler au fil de l’eau qui passe
Une feuille perdue, languide qui se prélasse
Cette truite affamée guettant l’insecte volant
Les reflets du soleil sur l’onde tremblotants.
Les images du passé reflets sur un miroir
Têtes brunes, têtes blondes défilaient sans espoir
Enfants, femmes, amours délices d’une vie trépassée
Me montraient les images d’un bonheur effacé.
Ces visions projetées sur le flot complaisant,
Etaient sur ma douleur comme un baume bienfaisant.
Je comprenais mon temps des amours envolées
Mon bonheur sur la terre à jamais dérobé.
Ma triste nostalgie coulait par mes yeux vides
Laissant un sillon se creusant comme une ride.
Je savais lucidement, avec certitude
Qu’il fallait chasser l’amour de mes habitudes.
Tu es venue tête blonde, femme parmi les femmes,
Dans mon âme sans vie tu ranimas la flamme
De ce soupçon de braise tu en fis un brasier
Qui de toi ne sera plus jamais rassasié
Tout en moi reprend vie et cet amour jaloux
Veut de toi ton corps, ton âme, ta vie, mon bijou
Mon camée, mon diamant, mon rubis, ma topaze
En tes bras, sous tes baisers, je connais l’extase.
L’eau de la rivière dans le murmure de son flot
Ne m’avait pas annoncé un amour si beau.
Ta présence est un grand soleil qui fait renaître
Ce champ de ruines sinistres ou la mort allait paître,
Lui donne vie et beauté en une belle prairie
Où nos mains se promènent en nos âmes ravies.
Tout peut arriver rien n’aura plus d’importance
L’Amour que j’ai de toi est ma dernière outrance.