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Le sommeil paradoxal, par Zinovi Iourev

Publié le 15 juin 2011 par Acdehaenne

Que se passe-t-il lorsque vous faites régulièrement des rêves merveilleux et que vous vous apercevez que ces rêves, qui ont toujours lieu pendant le premier sommeil — le sommeil paradoxal — sont le moyen choisi par une civilisation extra-terrestre pour entrer en contact avec la Terre ? Comment persuader les savants... et les dirigeants de votre pays que vous n'êtes pas fou ? Et, d'ailleurs, êtes-vous le seul à communiquer ainsi ? Une rencontre est-elle possible ?

Voici un roman bien singulier. Le moins que l’on puisse dire est qu’il ne fait pas la part belle à

L'homme des jeux
l’action. Au contraire, le propos en est bien loin. Malheureusement, malgré des qualités certaines, et une maitrise de la narration d’Iourev, j’ai eu toutes les peines à me maintenir dans ce roman. Et pourtant, il n’est pas mauvais et je conçois très bien qu’on ait envie d’y revenir. 

Tchernov est un professeur d’anglais tout ce qu’il y a de plus normal. Cela se passe plutôt bien à l’école, sa femme est aimante et jolie, ses voisins sympathiques, il a quelques amis taquins mais présents. Sa vie est réglée comme du papier à musique et cette monotonie semble lui convenir très bien. Or, voilà que d’étranges visions d’une « Planète Ambrée » lui parviennent. Et la fois suivante, et ainsi de suite. Ces visions semblent bien mettre en scène une planète atypique, dont la communication se fait par télépathie. Tchernov se persuade que cette planète existe et qu’il a été élu comme intermédiaire entre les terriens et la Planète Ambrée. Ce n’est pas son nouveau pouvoir de lecture des pensées d’autrui qui va le faire douter.

Cependant, lui ne doute pas. Son entourage…beaucoup plus. A part son ami Ilia, étrangement ouvert. Tchernov a du batailler pour faire valoir sa Raison auprès de quelques scientifiques. Le professeur se livre, volontiers semble-t-il, à diverses expériences. Ces séances remplacent la monotonie du collège, qu’il délaisse de plus en plus. Or, on apprend à quelques dizaines de pages de la fin qu’une américaine dispose aussi de tels pouvoirs…

Pendant tout le roman on suit le cheminement linéaire du professeur et de son entourage. Malheureusement, la vie routinière et sans aspérité du professeur transparait très bien. Autant dire qu’il ne faut pas y chercher un héros charismatique. La ballade est agréable mais un peu longue malgré de bonnes idées. Je pense notamment aux métaphores nombreuses sur l’émancipation sociale et individuelle. C’est en tout cas de cette façon que j’interprète les rêves de Tchernov.

Cependant, quelques bémols se collent à l’ensemble. D’abord il ne faut pas être regardant sur les relations de couples et les stéréotypes des rôles hommes/femmes. Peut être est-ce une déformation professionnelle qui me surligne mentalement ce genre de choses. Ensuite, la fin parachève la portée idéologique et moralisatrice du propos. A la décharge de l’auteur, n’oublions pas que nous sommes en 1982 en URSS. Pourtant, elle est tout à fait cohérente avec le cheminement. Si j’en dis plus je dévoilerai la fin encore davantage. 

Bref, Le sommeil paradoxal est une récréation. C’est une curiosité dont on peut tirer des satisfactions notamment pour le dépaysement apporté par le cadre soviétique. Pour autant, je pense qu’il faut vraiment avoir le goût de ce genre de littérature qui « aplatit » les quelques personnages présents.

Note :

Le sommeil paradoxal, par Zinovi Iourev
Le sommeil paradoxal, par Zinovi Iourev
(précision : il ne s'agit pas forcément d'une mauvaise note. Si l'occasion se présente, ce n'est pas du temps perdu.)

Les Murmures.


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