Certains se demandent, à juste titre, d’où a bien pu provenir la dénomination sociale de la société Didot-Bottin. Qu’il nous soit permis ici d’éclairer un tant soit peu leur lanterne à l’aide d’un fiat lux résultant de quelques recherches (nous ne sommes malheureusement pas autorisés à divulguer nos sources – que l’on sache simplement qu’elles sont, ô combien, dignes de foi.)
Cela remonte à l’enfance du petit Sébastien (dont le frère se prénommait Nicolas, tout aussi petit que son aîné, et connut lui aussi le succès que l’on sait – les miracles de l’ADN, tout de même…)
Sébastien, donc, avait le teint si frais et si rose, ma foi, qu’il suscitait l’admiration jalouse des mères de famille de sa rue natale.
Ainsi entendait-il, à chacune de ses sorties : « oh, mais t’as le beau teint, dis-donc ! »
Certes, le beau teint seyait à merveille au Bottin (on n’aurait su faire moins), mais ce fut le « dis-donc » qui, colporté de rue en rue le long des trajets quotidiens de Sébastien, parfois même de bouche à oreille, en vint aux oreilles d’un de ses camarades à la prononciation défaillante.
Ce « dis-donc », devint, plus ou moins phonétiquement, didô.
Ici survient une parenthèse, un blanc, un manque dans la trame de la mémoire de l’Histoire – ce qu’il advint de ce compagnon d’enfance, nul ne le sait ; il se murmure toutefois qu’un certain Jean G., acteur, déforma l’expression de façon à en faire une réplique culte dans laquelle il est question de « beaux yeux » et de « tas » – on s’interroge encore et sur le rapport avec le beau teint, et sur la chronologie quelque peu chaotique de cette hypothèse.
Bref.
Quelques années plus tard, Sébastien entreprit, après maints calculs statistiques visant à établir la viabilité commerciale de son projet, de constituer une société, ce qu’il fit.
[saut temporel]
Sébastien entreprit, après maints calculs statistiques visant à établir la viabilité commerciale de son projet, de constituer une société, ce qu’il refit.
Là, se posa sérieusement la question de la dénomination sociale : publier le premier annuaire des célébrités parisiennes (au rang desquelles figurait déjà un certain Gaston Gallimard – tu quoque etc.) ne saurait s’accommoder d’un Société de l’Almanach des Célébrités – S.A.C (sic).
Sébastien Bottin se gratta la tête (geste certes machinal mais, il ne l’ignorait pas, ayant statistiquement fait ses preuves) et le miracle eut lieu (nul ne sait, en revanche, combien de temps ce grattage de pointe dura). Le petit Bottin fut soudain traversé des pieds à la tête – plutôt de la tête aux pieds, soyons logiques – par des souvenirs d’enfance selon un procédé que n’aurait pas renié un certain Marcel (après avoir attendu Madeleine un certain temps, qui, pour autant que l’on sache, ne fut pas perdu puisqu’elle vint – notons ici que deux thèses s’opposent quant à la venue de ladite Madeleine, on ne s’y attardera pas, notons-le, un point c’est tout, voilà.)
Sébastien se souvint de « beau teint », il n’avait pas eu un gros effort à fournir, et de « dis-donc » dans sa forme phonétique : le mix des deux tourna en boucle samplée sous son crâne – beau teint dîdo Bottin dîdo beau teint – jusqu’au [bingo !]
Le reste appartient à l’Histoire. Triste épilogue, Sébastien Bottin mourut deux fois ; la seconde, le 15 juin 2011, assassiné dans sa propre rue par un certain Galli Mard, membre d’un grospuscule terroriste – au cri de « NRF vaincra ! »
Retrouvez la semaine prochaine dans votre magazine favori un nouvel épisode des belles histoires de l’oncle g@rp