Ces derniers temps, ma boisson de prédilection fut l'eau. L'eau de source, l'eau courante de la ville, l'eau avec une goutte d'huile essentielle de citron par litre 1/2. De l'eau bu par obligation puis savourée. De l'eau de préservation, de l'eau vitale, de l'eau pour aller mieux, de l'eau pour passer à autre chose...
J'ai découvert aussi le palais neutre de saveur en journée. Ce palais rincé par de l'eau de source. Une grande gorgée d'eau avant de déguster mon thé, une petite gorgée d'eau entre chaque infusion. Minéralisée (et peu chlorée pour celle de la ville), elle apporte tout de même ce "lissage de la langue" presque apparent à celui préconisé en hygiène Kriyas, le jihva dhauti (ou se râper la langue) que je fais tous les matins.
Sortir de cette culpabilité d'être une mauvaise amie. Revenir sur cette disponibilité que l'on perd à être maman, revenir sur les efforts d'une relation entretenue. Revenir sur les quiproquo dans les communications, sur l'attente qu'Elle avait. Se dire que ma disponibilité est autre, plus diffuse c'est vrai, mais aussi intense et, j'espère, toujours de qualité. Réfléchir et s'apaiser sur ce qui fait la relation amicale, se réconforter auprès de ceux qui savent accepter les failles... et quelques fois les manquements. Se dire qu'il est temps d’appeler les uns et les autres, le faire et ne pas procrastiner ce polissage des amitiés, ce don d'énergie, de temps et d'affection propre à redémarrer, pour un temps, rassérénés par tant d'accompagnement.
Se dire que l'on ne choisit pas sa famille... et que la déception est la conséquence d'une attente trop forte... même si, même si j'aurais bien craché au visage... se défaire de cette violence non-constructive et se conforter aux relations choisies.
Récupérée presque seule, le loupiot se reposant dans la pièce d'à côté. Reprendre des forces en profitant des roses offertes sans raison (si celui de me faire plaisir). Profiter d'un temps pour moi après l'avoir offert aux autres (ou quelques fois leur avoir volé):
reprendre des nouvelles des malades (en oubliant cette valorisation de la transmission des aïeuls qui ne pourra décidément pas avoir lieu), rencontrer la famille de l'amie, offrir le sourire de bienvenue à un petit être tout désiré à la grande sœur omniprésente (et grande absente), soutenir la maman dans son envie d'allaiter avec des coquillages nacrés et polis scandinaves.
Profiter de son choix musical de repos "Pierre et le loup" de Prokofiev et respirer, respirer.