Les cinq pays les plus dangereux pour les femmes

Publié le 15 juin 2011 par Rm Communication

La violence, le délabrement du système de santé et la pauvreté font de l’Afghanistan le pays le plus dangereux pour les femmes, selon une étude coordonnée par TrustLaw, une entité de la Fondation Thomson Reuters. La République démocratique du Congo, où le viol atteint des proportions alarmantes, le Pakistan, l’Inde et la Somalie suivent dans ce classement mondial établi sur des critères allant des violences domestiques et des discriminations économiques jusqu’aux avortements sélectifs ou aux mutilations génitales.

« Le conflit en cours, les frappes aérienne de l’OTAN et les pratiques culturelles conjugués font de l’Afghanistan un pays très dangereux pour les femmes », note Antonella Notari, qui dirige le groupe Women Change Makers, un collectif de femmes chefs d’entreprise international. « De plus, les femmes qui tentent de prendre la parole ou d’assumer des fonctions publiques qui défient les stéréotypes tenaces établissant ce qui est acceptable pour les femmes et ce qui ne l’est pas, par exemple en travaillant comme policière ou présentatrice de télévision, sont souvent victimes d’intimidations voire assassinées », ajoute-t-elle.

UNE MORTALITÉ MATERNELLE TOUJOURS IMPORTANTE

TrustLaw a interrogé deux cent treize experts des « études de genre » (gender studies), spécialistes des rôles sociaux et économiques attribués aux hommes et aux femmes, sur six critères : la santé, les violences à caractère sexuel, les violences à caractère non sexuel, les facteurs culturels ou religieux, les ressources économiques et le trafic.

Selon les chiffres compilés par l’Unicef dans son rapport sur la situation des enfants dans le monde, le taux de mortalité maternelle, c’est-à-dire le risque pour une femme de mourir lors d’une grossesse ou en donnant naissance à un enfant, est de 1 pour 11, soit le plus élevé de la planète (à titre de comparaison, il est en moyenne de 1 sur 210 en Asie et de 1 sur 6 600 en France). L’Afghanistan se distingue encore par le taux d’analphabétisme des femmes (87 %) et par les mariages forcés, qui concerneraient entre 70 et 80 % des jeunes filles et des femmes.

En Somalie, privée de toute structure étatique véritable depuis vingt ans, la santé, ou plutôt l’absence de système de santé, met également en péril les femmes. « La chose la plus dangereuse qui puisse arriver à une femme en Somalie est d’être enceinte. Quand une femme est enceinte, sa vie devient du cinquante-cinquante parce qu’il n’y a pas du tout de soins anténataux, pas d’hôpitaux, pas de soins, rien », explique la ministre des femmes somalienne, Maryan Qasim. En Somalie, le taux de mortalité maternelle est de 1 pour 14.

LE VIOL COMME ARME DE GUERRE

La République démocratique du Congo (RDC), théâtre entre 1998 et 2003 d’une guerre et d’une catastrophe humanitaire qui ont fait 5,4 millions de morts, arrive en deuxième position de cette liste noire des pays les plus dangereux pour les femmes du fait principalement des viols qui y sont pratiqués.

Une étude récente de chercheurs américains a estimé que plus de quatre cent mille femmes y étaient violées chaque année. « Les chiffres sur la RDC sont très révélateurs : un conflit en cours, le recours au viol comme une arme, le recrutement de femmes comme soldates qui sont aussi utilisées comme des esclaves sexuelles », note Clementina Cantoni, qui travaille au Pakistan pour le programme humanitaire ECHO de la Commission européenne. « Le fait que le gouvernement soit corrompu et que les droits des femmes soient très bas dans l’ordre des priorités signifie qu’elles ont très peu, voire aucune possibilité de recours en justice. »

TRIBALISME ET CULTURE

Au Pakistan, ce sont avant tout des pratiques culturelles, tribales et religieuses qui nuisent aux femmes. D’après les chiffres de la Commission nationale des droits de l’homme, un millier de femmes et de filles sont victimes chaque année de « crimes d’honneur ». L’Inde est pour sa part stigmatisée pour le nombre élevé d’« avortements sélectifs » et d’infanticides. Parce que les fillettes sont considérées comme une charge économique, des familles recourent à l’avortement lorsqu’elles découvrent que le fœtus est de sexe féminin.

Le Fonds population des Nations unies évalue à 50 millions le nombre de « fillettes disparues » en Inde sur les cent dernières années. Des études récentes avancent le chiffre de 12 millions au cours des trente dernières années. Les Indiennes sont aussi très exposées au trafic sous ses différentes formes. En 2009, Madhukar Gupta, alors ministre de l’intérieur, avait avancé un  chiffre de 100 millions de personnes, essentiellement des femmes et des filles, victimes de trafic (prostitution, travail forcé, mariage forcé).