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Omar m’a tuer

Publié le 15 juin 2011 par Mg

Difficile de parler d’un sujet d’actualité, même peu récente. Certains parlent politiques (La Conquête), d’autres reviennent sur des affaires ayant secouées la conscience nationale. Un peu avant un Présumé Coupable revenant sur l’affaire d’Outreau (sortie en Septembre), c’est Roschdy Zem qui s’empare de l’affaire Omar Raddad, ce jardinier accusé d’avoir assassiner sa patronne en 1991, et qui depuis se bat pour prouver son innocence.

Sujet épineux, moderne et terriblement humain ; Omar m’a Tuer n’a rien d’une enquête, mais est plutôt un plaidoyer pour Omar Raddad, dans une affaire assez louche, chaque élément du dossier tendant à innocenter l’homme toujours condamné (mais aujourd’hui gracié). On ne cherchera pas ce qui se cache derrière tout ça ; de toute façon Omar est aujourd’hui libre, et toujours en train d’essayer de se faire innocenter. Le film retrace donc plutôt son combat durant ses années de prison pour essayer de comprendre ce qui lui arrive (il ne parle que peu le français, dans une procédure ouvertement à charge), alors qu’à l’extérieur un écrivain va épouser sa cause et enquêter de son côté. Omar, c’est Sami Bouajila. L’écrivain, c’est Denis Podalydès (décidément partout!). Un duo particulièrement efficace dans un jeu qu’il ne fallait pas rater, et un film décryptant une affaire des plus douteuses, qui marquera l’époque comme jamais. Le procès d’un homme, l’éclairage d’un temps. Il est difficile de ne pas épouser la cause d’Omar ici, même si l’homme ne nous est pas présenté comme parfait (il joue..). Avec un Bouajila hors norme, on ressort quelque peu bouleversé de ce moment de vraie vie, où on flirte avec les limites humaines d’un système judiciaire particulièrement rigide et froid, voir opaque où les erreurs de dossier semblent (mais bon..) couverts par les magistrats, et les remises en cause impossible.

Si le fond est sans discussion possible, la forme choisie par Roschdy Zem (dont c’est le deuxième long) n’est pas la plus facile. Aller-retours constants entre le passé (pour Raddad, à partir de son arrestation) et le « présent » (l’enquête de Podalydès, 3 ans plus tard, après le premier procès), jusqu’à revenir à 1998 et sa grâce par le Président. Pour un film terriblement humain, Zem se concentre sur l’homme derrière les barreaux, enfermé loin de sa famille et entraîné dans un maelstrom médiatico-judiciaire sans précédent. A la lumière d’un réalisme sidérant, on le laissera volontiers refaire l’enquête sur les pas de Podalydès, incarnant un écrivain à succès s’emparant des faits (ce qui allège un peu le récit, jusqu’au bout – le film s’inspirant du livre qui en a découlé, ainsi que du livre publié par Raddad ensuite) pour en démonter les incohérences. Sans forcément de succès auprès des tribunaux… Il est dur de s’éloigner du drame réel que constitue l’affaire Omar Raddad, mais Zem livre un film entier et construit, dramatiquement humain (comment faire autrement) et évite le faux pas, aidé par un Bouajila habité. Evidemment loin d’être objectif, au final nous voici devant le portrait d’un homme, et non celui de la société. Reste à voir si un tel film pourra aider l’un.. ou l’autre.


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