Le vote de ce week-end en Italie est évidemment important. Pour la première fois depuis 1993, date de l'entrée en politique de Silvio Berlusconi, le peuple Italien a exprimé clairement et sans appel sa volonté d'en finir avec lui. C'est l'information majeure de ce scrutin. Pourtant, on aurait tort de se limiter à cela, parce que les électeurs transalpins ont exprimé bien plus que cela.
Certes, la défiance envers le Président du conseil a joué un rôle moteur dans le résultat du vote. Mais attention, il ne faut pas oublier que les Italiens devaient aussi répondre à des questions, et ils ont massivement choisi de sortir du nucléaire et de refuser la privatisation de la gestion de l'eau. Ce vote sort à l'évidence du contexte italien pour s'inscrire dans quelque chose de plus large. A l'instar des Français qui se sont mobilisés contre la réforme des retraites l'automne dernier, des Portugais ou des grecs qui se battent contre les plans de rigueur qu'ont leur impose, ou bien encore des indignés espagnols (ou d'ailleurs), c'est clairement un rejet des politiques libérales centrées sur le profit qu'ont exprimé les Italiens.
En refusant de privatiser la gestion de l'eau, ils ont montré leur attachement à la notion de bien public, au fait que pour eux, tout n'était pas marchandable. Le retrait du nucléaire, après celui opéré par l'Allemagne, et après Fukushima, prend tout son sens, et montre bien que les populations européennes sont soucieuses de préserver leur planète au-delà des intérêts économiques sous-jacents. Et si demain un miracle faisait que les Français étaient interrogés sur la même question, la réponse serait la même.
Rejet de Berlusconi, rejet des politiques libérales, certes, mais il y a aussi deux autres enseignements à retenir. Deux enseignements qui d'ailleurs valent pour l'Italie, mais aussi pour toute l'Europe.
Le premier vient du fait que la gauche n'y est pour rien dans ce résultat. Ce n'est pas elle qui a poussé à l'organisation de ces référendums, et la mobilisation s'est massivement faite sur internet, en dehors des circuits traditionnels. En cela, les Italiens rejoignent le mouvement des "Indignés" qui prospére un peu partout. Ils ont exprimé la volonté de faire de la politique en dehors des clivages traditionnels, mais en incluant plus les citoyens, en prenant en compte leurs aspirations.
D'où le dernier enseignement : le retour à la politique de tout un peuple. Mais attention, pas la politique politicienne, la politique partisane, non, la politique au sens noble du terme, celle qui consiste à s'occuper des problèmes de la cité. Ce week-end, les Italiens ont repris les choses en main.
En Italie, mais aussi en Europe et dans tout le monde arabe, les choses bougent. Les années qui viennent vont être primordiales, et je suis persuadé que les dirigeants de demain ne pourront plus gouverner comme avant : les peuples auront leur mot à dire.
Sur le sujet :
A lire absolument, l'article d'Eric Valmir, correspondant permanent de Radio France en Italie, sur son blog.
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