C'est quoi un blog ?

Publié le 13 juin 2011 par Jujusete

Dans mes lectures quotidiennes, cette question est revenue assez souvent la semaine dernière. Camino, d’abord, qui souligne le côté tout personnel de l’estaminet.

« Un blog est personnel, pas la voie d'une presse quelconque, nous n'avons pas à justifier quoique que ce soit sur un billet sauf les sources de ce que l'on reprend évidement. Si l'on suit un blog c'est qu'on l'aime ou qu'on apprécie soit le propriétaire soit le contenu, et dans le contenu, soit cela nous intéresse soit c'est sympathique mais on ne suit pas un blog pour détruire son proprio avec plusieurs commentaires de plusieurs kilomètres de lignes. »


Il y aurait donc à la fois une dimension personnelle, je suis chez moi et j’écris pour me faire plaisir, mais dans le même temps une dimension générale puisque si lecteur il n’y avait pas, blog ne vivrait pas. On écrit toujours pour quelqu’un au final. Que ce soit pour embêter ce vieux râleur de Didier Goux, ou faire cogiter les gens sur la société qui nous entoure comme le fait Seb.

les lecteurs

Puis un jour, ses lecteurs, il arrive même qu’on les rencontre, comme Doudette, qui a décidé de sauter le pas récemment parce que le claviotage, quand on est bavarde, ça va un moment !

« Et pendant plus d'un an et demi, je suis restée prudente face à ces outils que j'utilisais par ailleurs beaucoup. Anonymat total, aucune rencontre IRL (rappel pour mon papa IRL = In Real Life), je voulais que mes vies restent aussi cloisonnées que possibles.

Or, pour pouvoir se dédoubler ainsi, il faut être schizophrène, ce que je ne suis pas... (mais le saurais-je en même temps si je l'étais ?) A ma connaissance, chacune de mes identités sait quelles sont les autres, elles se croisent, se parlent, ne sont qu'une seule et même grosse boule d'énergie. Et de l'énergie, il en faut pour être moi ! D'ailleurs il en faut également pour se frotter à moi, le Doudou s'il n'était aussi discret, pourrait vous en causer des heures durant. »

C’est sympa de se croiser, de temps en temps au Kremlin, je dois dire avec décors et musiques appropriés, mais surtout avec des gens bien rigolos, intéressants, différents. Plus que mettre de simples visages sur les blogs que l’on aime bien, ça permet de bons moments… Ou pas !

C’est Shaya qui se sent aujourd’hui observée, qui n’écrit plus comme avant, depuis qu’elle sait qu’elle a des lecteurs et qu’elle en a rencontré certains :

« Tu finis par en avoir ta claque des pseudos et des avatars! Des mots émis par clavier et du numérique en général. Tu as envie d'éclats de rire, de sourires, de visages, de regards, de mots qui se cherchent, de chaleur humaine et de contacts dans tout ce qui fait leur richesse et leur âpreté aussi.

Il y a un prix à payer pour ça. Sur le coup tu n'en as pas eu conscience. Mais ce jour-là tu as définitivement perdu l'innocence et la liberté de tes débuts. Plus jamais tu ne blogues pareil après avoir fait rentrer les gens de l'interneterie dans ta vie "réelle".

Parce qu'ils connaissent ton pseudo et ton blog, mais aussi ton prénom et ton visage. Parce qu'ils s'attachent à toi, te lisent régulièrement, savent peut-être des choses de toi que tu n'as jamais raconté sur ton blog.

Sans le vouloir ils te brident. Par peur de les choquer. Par peur de les blesser. Par peur de leur regard sur toi. »

Voilà pour les lecteurs… Mais l’autre composante, l’égo, la petite maison, le petit espace d’expression, alors ? Il est passé où ?

l'égo

Effectivement, il faut un peu un égo pour tenir un blog, se dire que ses écrits sont lus, avoir envie de débattre avec l’inconnu, des inconnus, jeter un pavé dans la marre ou exposer ses goûts littéraires, musicaux, peu importe. Même si, dans la vie quotidienne, on n’est pas spécialement auto-centré.

Enfin sauf ceux qui demandent à être payés parce qu’ils croient qu’ils apportent du flux à des journaux en ligne. Là, je ne comprends pas vraiment. Refuser d’écrire gratos est une chose, demander à être rémunéré en est une autre. Pourquoi ?

Il s’agit là non pas d’un travail d’une demande d’un employeur ou quoi que ce soit qui puisse y ressembler mais de billets de blogs. Des billets écrits par des gens qui en ont envie et qu’ils publieraient sur leur blog perso e toute manière. Ces billets naissent d’intentions personnelles, de création artistique. Ils ne naissent pas d’une quelconque domination hiérarchique ou d’une relation employeur-employé.

Sur ce point, Je dois dire que je rejoins plutôt  le Diégo :

« Je comprends parfaitement les réticences de certains, qui considèrent que leur peine mérite une rétribution dès lors qu’elle contribue à générer des revenus. Libre à eux de ne pas jouer ou d’arrêter de jouer. Je ne me suis d’ailleurs pas engagé à fournir gracieusement et jusqu’à la fin des temps ma délicieuse prose au Plus, et n’exclus pas que cela puisse un jour me gonfler au point d’arrêter. Libre à eux également de devenir journalistes si leur ambition est d’être rémunérés comme tels, ou encore de coller des placards publicitaires sur leurs blogs (ce qui accessoirement pourrait s’avérer plus payant après avoir été mis en avant sur un tel site), ou de publier des livres. S’ils veulent gagner du vrai pognon, je ne saurais d’ailleurs trop leur conseiller d’autres activités que l’écriture.

Pour moi, pas d’ambiguïté : je ne suis pas journaliste et ne compte pas le devenir. J’ouvre ma grande gueule pour donner mon avis. Ce n’est pas un travail à plein temps. Je ne fais pas de recherche, ou très peu. Je n’interviewe personne. Je n’enquête pas pour dénicher des informations exclusives et faire des révélations fracassantes. Dans le pire des cas, je fais 3 tableaux sous Excel pour étayer mon propos. Ca me prend 10 minutes de pondre un billet. »

du blog utile à la société

Il a un fossée entre le blogage politique à la Française, le clavier a remplacé le micro qui tournent à la fin des conférences où les gens s’écoutaient parler au moment de poser une question. Et tant mieux, puisque certains, que l’on soit d’accord ou non, on de très intéressants point de vue et on en apprend tous les jours en débattant. 

D'autres pas.

Mais on est loin, bien loin de l’activisme en ligne. Parce qu’un blog, c’est aussi un espace d’expression, il ne faut pas l’oublier pour ceux, bien plus modestes, dont les écrits ont, eux, un vrai sens. Des écrits qui peuvent les conduire en prison comme ce blogueur Egyptien dont je vous avais parlé ou cet Iraquien, qui vient d’en prendre pour 20 ans.

Oui, il y a des gens qui mériteraient d’être rémunérés pour leurs écrits, parce qu’ils font bouger la pensée, les lignes. Parce que leurs écrits sont utiles à la société, et qu’ils sont réprimés durement pour ça.

des cons

Pas comme ceux dont les égos sont loin au-dessus de tout ça. Comme ce pleutre qui a cru bon, pendant des semaines, de bloguer comme s’il était une petite nana syrienne, lesbienne, qui vivait la guerre civile au quotidien. Alors qu’il n’en n’était rien. Pire, il décrédibilise tout le mouvement activiste autour du web, ce que l’article du Monde met en lumière :

« Dans ce qui devrait constituer la dernière note de son blog, Tom MacMaster fait ses excuses aux lecteurs. "Je n'avais jamais espéré recevoir ce niveau d'attention,explique-t-il. Les événements là-bas sont déterminés par les gens qui les vivent au quotidien. J'ai seulement essayé de les mettre en lumière pour un public occidental." Son canular pourrait pourtant nuire à toute la communauté de blogueurs syriens, qui rapportent les expériences qu'ils vivent au quotidien, cachés derrière des pseudonymes, dans l'unique but de se protéger de la répression du régime de Bachar Al-Assad. »

Pauvre con.

C’est quoi un blog ?

Je pense que c’est Romain qui, au détour d’un commentaire (chez Marc, je crois) nous disait qu’il y a autant de blog que de blogueurs. Et il a raison. C’est ça qui crée le débat et la richesse.

La différence est une richesse.

Alors arrêtons de nous poser des questions, et papotons !