Même au XVIème siècle, certaines processions religieuses qui se déroulaient à Venise n'étaient pas vues d'un très bon œil par ceux qui faisaient partie du gouvernement. Dans ses Mémoires, Sanudo rappelle que le 28 février 1513 :
"En ce jour, j'ai vu moi à minuit une chose extraordinaire : le prédicateur Elia da Brexa qui se disait ermite et portait un manteau de bysse (étoffe d'Orient), avait ordonné que jeunes gens et jeunes filles viennent vêtus de blanc, un cierge à la main. Il en était venu plus de 400 et c'était terrible de voir la furie des femmes et des frères venus de la Scuola du Corps du Christ et de celle de S. Marzilian, tandis que le prédicateur commençait les litanies.
Ainsi donc sortaient de l'église tous ces garçons, ces filles, ces frères et le prédicateur pour faire procession à travers S. Marzilian, Sancta Fosca, Rio terra et le pont de l'Axeo. Puis ils retournaient à l'église chantant les litanies annonçant des évènements terrifiants. Alors le prédicateur montait en chaire pour montrer du doigt la terrible colère de Dieu contre cette terre et la cérémonie terminée, disant qu'elle devait se répéter trois fois par semaine.
Cette chose est difficile à supporter ; elle ne me plait pas. Il y a de quoi être inquiet quand quelqu'un est capable de telles initiatives."Anecdotes historiques vénitiennes" - 1897 -Giuseppe Tassini - Merci à Claude Soret pour ses traductions.