Vu sur le blog d’Alexis Corbière
[...] Je rajoute à présent quelques mots à propos de Mme Christine Lagarde, ma « collègue » du 12e arrondissement. Plusieurs journalistes (Le Parisien, Le Figaro ou France Bleu..) m’ont demandé ma réaction à propos de sa candidature à la Direction du FMI. Mon désaccord est d’abord politique. Cette dame est une ultra libérale fanatique qui a fait ses classes aux États-Unis et qui mène depuis 2008 en France une politique d’une injustice sociale rarement atteinte (sauf par exemple, quand il s’agit de la situation du « pôvre » Bernard Tapie). C’est un danger public et je reste stupéfait du soutien que Martine Aubry lui a accordé. Tout cela est déjà connu. Mais, j’ai pu aussi dire librement tout le mal que je pensais sur le plan plus personnel de cette personne qui, élue municipale depuis 2008, n’a jamais mis les pieds une seule fois au Conseil d’arrondissement du 12e et très peu au Conseil de Paris. Depuis 3 ans, ce sont ainsi près de 35 séances durant lesquelles sa chaise est toujours restée vide. Pour cela, elle perçoit pourtant une indemnité de plus de 4 000 euros par mois, pour quasiment rien. Personnellement, je trouve cette attitude plus choquante encore que le détachement discutable de Luc Ferry qui a produit un énorme scandale ces derniers jours.
Les lecteurs réguliers de ce blog savent que par cette raison, depuis 2008, je poursuis Mme Lagarde de mon courroux et de mon insolence. Elle m’en veut beaucoup et m’a répondu une fois dans les couloirs du Conseil de Paris, que je manquais à son sujet »d’élégance ». Et oui, je suis une brute, un rustre… Risible toutefois, quand on voit comment elle s’est comportée vis à vis des électeurs depuis ces trois années…
Car en termes de leçon d’élégance, Mme Christine Lagarde m’en avait offerte une bien belle en septembre 2008. Je ne l’ai pas oublié. Je m’explique et vous raconte. Une nuit, un violent incendie avait éclaté dans le 12e. Un homme y perdra la vie, une vingtaine d’appartements vont être détruits et quelques minutes et il faudra héberger près de 150 personnes choquées dans l’urgence. Élu de permanence ce soir là, avec Michèle Blumenthal, la Maire du 12e, nous avons passé toute la nuit à gérer cette crise douloureuse. Vers 9h00 du matin, mon téléphone portable sonne. Dans le bruit général, je ne décroche pas immédiatement. J’écoute le message laissé quelques minutes plus tard, il provient du cabinet de Mme la Ministre des Finances qui me demande où sont hébergés les sinistrés. Je suis étonné de cette demande. Pourquoi s’adresse-t-elle à moi ? Une Ministre d’État ne peut elle s’adresser directement à la Police ? Curieux. J’ignore comment ils ont eu mon numéro téléphone. Je ne rappelle pas. Il faut déjà commencer à organiser la prochaine nuit, faire le point avec le capitaine des pompiers qui vient nous annoncer que le feu est enfin éteint après plus de 6 heures d’intervention, etc. Quelques minutes plus tard pourtant, une voiture officielle aux vitres fumées s’arrête devant le bâtiment ou sont hébergées les familles sinistrées. Mme la Ministre sort, suivi derechef d’une équipe de France 3. Elle va au contact de quelques familles hagardes, bavarde quelques secondes avec une dame âgée, sous le regard attendri d’une caméra. Elle passe a coté de moi sans même me saluer. Moins de 10 mn après cette arrivée triomphale, elle est repartie. Son passage tout compris, a duré un quart d’heure chrono. Évidemment, le soir, lors du journal de France 3 région, un reportage raconte l’incendie et montre quelques minutes des images de »Mme Lagarde, élue du 12e, portant secours aux sinistrés ». Chapeau. Voilà une belle leçon d’élégance politique de la part de celle qui n’ a pas une minute a consacrer aux Conseils municipaux du 12e, mais qui sait dégager du temps lorsqu’il faut se montrer devant une caméra.[...]
L’histoire d’Alexis m’en rappelle une autre, en écho… j’étais avec un ami d’alors, maire d’une petite commune rurale, dans une manif contre le front national, au début des années 2000, près de la place Stan (Nancy, 54). L’élu en question marchait à mes côtés en devisant de choses et d’autres quand soudain, sans que rien ne le laisse prévoir, il prit ses jambes à son cou, sortant de sa poche une écharpe tricolore pour s’en parer… et se précipiter je ne savais où. Vexé, je suis allé voir pourquoi il m’avait ainsi abandonné sans crier gare. Il m’expliqua qu’il avait vu la presse et qu’il était pour lui important de montrer que les élus lambda, surtout ruraux, eux aussi montrent une certaine visibilité dans cette manif pour les commun des mortels…. Mouais. C’est ça, oui.
je n’ai pu m’empêcher de le gratifier d’un pauvre con en lui disant toute l’incompréhension qui était la mienne et combien j’étais navré de ce genre d’attitude qui ne le grandissait pas…
Alors, trois fois oui, Alexis, je suis d’accord, il devient vraiment urgent de faire de la politique autrement.