Afin de rappeler que le viol conjugal est un crime puni par la loi, le Collectif féminin contre le viol lance une grande campagne de sensibilisation sur Internet et à latélévision
« Une femme, elle doit répondre à toutes les envies de son mari. C’est ça, le devoir conjugal ». La voix grave interpelle, le regard de cette femme en détresse aussi. Ce spot de 30 secondes, diffusé dès aujourd’hui à latélévision et sur les réseaux sociaux, et réalisé par l’agence New BBDO, en partenariat avec le Collectif féminin contre le viol (CFCV), a été créé pour rappeler que soumettre son conjoint à des rapports sexuels n’est pas un droit. C’est un viol.
Le viol conjugal : 30 % des viols en France
Avant 1990, l’homme faisait ce qu’il voulait de sa femme. Ce n’est qu’en 1992 que le viol entre époux est reconnu par la loi. Chaque année, 75 000 femmes sont victimes de viols (certains spécialistes affirment qu’on en dénombrerait en réalité 120 000) commis, dans huit cas sur dix, par des hommes qu’elles connaissent.Une fois sur trois, ces actes sont perpétrés par un conjoint ou un concubin. Un crime qui représenterait 30 % des viols en France. Les violences sexuelles sont les plus taboues de toutes les violences conjugales, car elles touchent à l’intimité du couple. « Ce soir-là je n’avais pas trop envie, mais je me suis forcée, pour lui faire plaisir », raconte Emilie, 25 ans. Comment distinguer le viol dans le couple, alors que beaucoup de femmes cèdent souvent pour « faire plaisir » à leur conjoint ? A partir de quand le conjoint devient-il un violeur ? Les limites sont souvent floues, et la société peine à reconnaître le viol conjugal comme un véritable crime. « Le problème, explique Emmanuelle Piet, présidente du collectif, c’est que ces hommes oublient que leur femme est un être humain, qu’elle n’est pas seulement un trou ».
« Il faut en finir avec cette idée du sacro-saint devoir conjugal »
« Il faut en finir avec cette idée du sacro-saint devoir conjugal », explique Emmanuelle Piet. Sous l’emprise du conjoint, on accepte tout par amour, jusqu’à l’impensable : « Il n’y a pas d’amour qui tienne. Ce sont des individus qui aiment dominer, humilier et faire mal », assène-t-elle. « Le viol au quotidien, le viol sur l’oreiller, par le conjoint, l’amoureux, avant, on n’en parlait pas », confie Marie-France Casalis, porte-parole du CFCV. « Le conjoint fait régner la terreur, on se soumet, car on a peur. Mais céder, ce n’est pas consentir ».Trahie par celui qu’elle aime, la victime a souvent du mal à comprendre qu’elle a été forcée : « Ce film doit permettre de rappeler à tous qu’un rapport sans consentement est un viol et cela d’autant plus au sein ducouple, puisque c’est une circonstance aggravante lorsqu’il s’agit d’un conjoint », détaille le collectif. Cette campagne est donc essentielle, puisque, comme l’affirme le CFCV, « la honte doit changer de camp ».
« Les premiers rapports avec contrainte commencent très tôt dans le couple »
Dans les universités, des dépliants sont distribués pour permettre de « dépister
la stratégie d’un agresseur avant qu’il ne soit trop tard, explique Emmanuelle Piet. On
essaie de dire aux jeunes « il n’a pas le droit de vous empêcher de sortir, de vous rabaisser », car c’est le
début de la violence dans le couple ». Pour Emmanuelle Piet, l’agresseur se révèle rapidement dans une relation : « Les
premiers rapports avec contrainte commencent assez tôt dans le couple, les jeunes se retrouvent désemparés face à cette violence. 70 % des agresseurs ont vu leur père taper leur mère, ils ont donc
souvent été confrontés jeunes à la violence, c’est à ce niveau que la prévention doit être faite ». Gilles Lazimi, coordinateur de la
campagne et médecin, rappelle quant à lui l’importance de la condamnation: « Je
ne pense pas que les violeurs soient malades. Seule la peine de prison peut leur faire prendre conscience qu’ils agissent comme des criminels. Sans jugement, il ne peut pas y avoir de prise de
conscience du crime ».
Pour trouver une écoute et de l’aide, contactez la permanence téléphonique du CFCV
0 800 05 95 95 (appel
gratuit et anonyme)
Du lundi au vendredi, de 10h à 19h