Avez-vous déjà entendu parler des creamers des Sables d’Olonne? Non, ce n’est pas une bande musicale comme les Beach Boys. On en avait déjà écrit sur ce blog il y a un an. Il s’agit d’une petite équipe de jeunes garçons et filles, rémunéré 5000 euros pour étaler la crème solaires sur les touristes des plages des Sables d’Olonne. Service gracieusement offert par la commune, donc payé par les contribuables. LMY&R, l’agence de communication qui a conçu et réalisé le projet des creamers, vient d’être primée à la cérémonie "Idées Créatives 2010" des 1000 de l’Ouest en recevant 1 Grand Prix de bronze, décerné par un jury de professionnels de la communication.
Sans vouloir critiquer ni la commune des Sables d’Olonne, ni ladite agence de communication, qui ont fait toutes les deux preuve de créativité, le fait que l’on se soit réduit à exalter l’initiative en dit long sur l’état de notre marché de l’emploi. En effet, ce type d’emploi, par rapport aux ressources humaines et financières déployées, apporte très peu à l’amélioration de la qualité de vie des employés et de la communauté en général. Quelle amélioration de ses compétences, formation ou gratification professionnelle peut recevoir un ou une jeune qui passe la journée à tartiner la crème sur la peau des touristes? Pour ne rien dire des aspects hygiéniques : comment se laver efficacement la main sur la plage, entre un étalage de crème et l’autre? La peau humaine pullule de de micro champignons, parasites et bactéries… Et dire qu’on peut bien créer de jobs d’été liés au tourisme, qui en plus sont gratifiants pour les jeunes et pour les touristes : on a déjà écrit sur ce blog à propos de l’embarcadère du marais poitevin.
La qualité de ce job d’été rappelle d’autres emplois créés en des moments de décadence économique et culturelle: par exemple, dans l’empire romain en défaillance, la classe dominante, lors des funérailles de membres de leur famille, payait des femmes (les preficae) pour pleurer et se feindre ravagées par la douleur. Aux États-Unis, lors de la Grande Dépression de 1929, les lieux publics foisonnaient de cireurs de chaussures. Dans l’ancienne Égypte, la construction des pyramides créait des milliers d’emplois, mais avec quel bénéfice pour le peuple?
Il faut espérer que les tartineurs, pardon, les creamers, ne fassent pas d’émules. Sinon, on assistera à la multiplication de jobs quelques peu dégradants, qui rappellent un tantinet l’époque de l’esclavage. Heureusement qu’on peut choisir de passer ses vacances dans l’authenticité, faisant de vraies rencontres avec les gens du lieu, goûtant aux plaisirs de tout genre offerts par une culture de l’accueil profondément enracinée dans son terroir. Il suffit de se rendre dans le marais poitevin, garantie des vacances… écrémées !