Aux grands sportifs anonymes de tous les jours
(article 1, à suivre articles 2 et 3)
Voici un hommage aux grands sportifs de tous les jours, à ceux qui ont aussi choisi leur corps pour se dépasser. Et bienvenue à Catherine, la cycliste, qui ouvre le bal de cette nouvelle rubrique "Vie au long cours".
Comme moi, vous connaissez certainement dans votre entourage des sportifs. Et peut-être, au contraire de moi, vous êtes-vous vraiment intéressés à leur pratique et à leurs résultats. Je dois avouer dès maintenant qu'à part mes séances de fitness, je ne connais rien au sport. Pire, je déteste. Depuis que Jimmy Connors ne joue plus (j'en étais folle …), le moindre programme sportif me fait zapper. Cela ne m'intéresse pas. Jusqu'au jour où …
Cet été, alors que je déjeune avec mon pote Bruno, notre discussion tourne autour des changements de notre vie. Autour de la quarantaine, c'est un sujet qui occupe ! Assez naturellement, nous n'évoquons ni notre mari et femme respectifs, ni nos enfants et encore moins la qualité de leur scolarité. Et nous veillons à éviter le sujet boulot. Alors, que reste-t-il ? Nous. Rien que lui. Rien que moi. Et là, il me raconte qu'il s'est mis au Triathlon ….
"Il y a eu un matin de trop. Un matin de ras le bol. Ras le bol de ma bedaine. Ras le bol de la clope. Ras le bol du boulot qui mange mon énergie pour moi. Ras le bol de la honte et la gêne. Ras le bol de moi dans cet état-là."
Alors, évidemment, vu sous cet angle, mon intérêt se crée et se développe. Le sport, je m'en fiche. Mais mon copain Bruno, non ! Et il me décrit, me décrit, me décrit et son entraînement, et sa relation avec son coach, et avec les autres sportifs.
Et bien sûr ses performances sportives évoluent au rythme de son travail mental. Les impacts sur son environnement personnel et professionnel se font naturellement : une priorité est donnée à cet entraînement.
"Je change, mon environnement change". Car le plus étonnant, c'est que l'ensemble fonctionne mieux. "Le système de ma vie devenait de plus en plus équilibré, et je me suis aligné droit sur mon objectif. Et ça, ça décuple tes forces. Je n'entends pas la douleur de l'effort, je constate la beauté du résultat, là, assis en face de moi."
Le temps d'un instant, mon cerveau disjoncte, mon cerveau crée des liens, et je me parle à voix haute
"Bruno, comment se fait-il que ton histoire me fait penser à Catherine ! Tout à coup je me souviens que nous avons un fabuleux WE de prévu et que la bougresse nous fait faux bond le 18 août pour cause de Paris-Brest-Paris."
"Ah oui ?" rétorque au vol Bruno, les yeux inexplicablement illuminés. "Appelle-la, je veux en savoir plus. Je ne connais pas de fille cycliste."
Et d'un coup de fil, je réalise que ma Catherine à moi est une championne , qu'elle a aussi réalisé un superbe score au plus dur des triathlons français, celui de Embrun. Connaître les gens depuis "longtemps", ce n'est pas "bien" les connaître. Connaître, c'est partager. Connaître, c'est suivre les détails.
Alors quand arrive l'échéance du Paris-Brest-Paris, août 2007 (les pros l'appellent le PBP), je demande à Catherine de me faire partager son histoire. Et la voici …