Impressionné par les portraits du Fayoum au Louvre, Michel Chevron élabore autour un récit thriller.
Cet homme très visuel écrit bien au-delà de la description des lieux, il sait particulièrement choisir les mots du vécu des émotions. Michel Chevron saisit chaque maillon de la chaîne de ces instants fugaces qui se succèdent quand des émotions nous traversent, quand notre épiderme trahit nos pensées incontrôlables.
Son héros, Richard Lenoir, est aux prises avec ses démons, des démons intérieurs et des méchants bien réels. L'ambiance de ce polar vogue entre une forte crédibilité tenue par un style précis et réaliste pour décrire un intemporel surréaliste, théâtre de la vie intérieure dévastée du héros. C'est aussi dérangeant que la vie de Richard Lenoir est dérangée. Quand la vie se déchaîne contre soi, nous sommes prisonnier de ce câble tendu entre notre réalité extérieure et ce que l'on voudrait être l'irréalité intérieure. Richard Lenoir supporte cette dualité qui n'a rien de contradictoire, qui dénonce nos souffrances mais porte aussi notre Salut. Duale entre possible et impensable, la réalité nous tue comme elle nous sauve.
Lire offre un calme impartageable à mon introversion. Les écrivains mesurent-ils ce bonheur qu'ils offrent à leurs lecteurs ? C'est au-delà de la distraction, et ce n'est pas non plus un dépaysement. C'est plus puissant que cela, c'est un re-paysement. C'est un voyage impérieux dans son pays à soi dont je ne reviens jamais indemne. Tel un requin dont sa survie en dépend, je déroule mes jours en perpétuel mouvement. Et à l'heure de lire, je me fais mollusque. Tapie sous ma couette, mon livre et moi, tels le poisson clown dans son anémone, nous vivons ces instants sereins et personnels que je sais m'offrir avec régularité. Mais je ne parviens toujours pas, une fois refermé le livre achevé, une fois lues et relues les dernières pages ainsi que la 1ère (je finis toujours un livre par ses 1ères lignes), à revenir instantanément dans le monde réel.
Je ferme Icône. Je regarde le ciel nuageux et j'y cherche une icône. Je salue un touriste russe et je me surprends à le craindre. Je vois un chien courir et je souris avec mon coeur en pensant à Lenoir et Léontine. Je n'écris pas à tous les auteurs même si souvent je voudrais les biser d'un merci indicible. Alors à cet instant où je viens de refermer Icône, Michel, je vous fais impétrant de tous mes remerciements. L'ambiance de votre livre va bercer ma journée hypnotique. Autour de moi mes enfants me bousculent pour réactiver sommairement les liaisons neuronales entre mon regard vide vers eux et ma présence rigoureusement ailleurs.
Finir un livre est une expérience schizophrénique. J'en profite pour vous confesser qu'en entrant là où vous avez écrit Icône, j'ai cherché longtemps à qualifier l'ambiance dans laquelle j'ai senti que j'entrais. Je l'ai reconnue dans le mot "Crypte" sans étayer vraiment, n'osant vous avouer la plus forte de toutes les émotions que je ressentais : celle d'être dans le repaire de l'écriture. Votre antre est dense comme l'humanité de votre style. Car on l'oublie trop souvent, il y a derrière ces pages d'écritures un Homme.
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