La manipulation est le maître mot de cette pièce qui s’inspire du Macbeth de Shakespeare. Issue fatale donc, tragédie oblige, au moins pour l’un des personnages. Le texte (qui est double car j’ai éprouvé pour cette histoire et la suivante le désir d’en donner une version narrative) trouve sa violence élémentaire dans la rudesse d’un pays que je connais bien, livré aux vents du nord et à la fureur des éléments : les Highland d’Ecosse (la trame se nourrit d’ailleurs d’une sombre page de l’histoire locale de la région du Caithness dans laquelle j’ai vécu). La référence littéraire à Macbeth ne fait que renforcer cette sauvagerie, Shakespeare ayant, dans cette « pièce écossaise » rien modéré dans le déchaînement des passions.
C’est la femme qui porte le flambeau de la tragédie, beaucoup plus que l’homme qui n’apparaît que comme un instrument de sa compagne. Dans le Ceilidh, j’ai orienté le thème de l’ambition (à la base de la pièce de Shakespeare) du côté d’une sordide affaire criminelle dont l’héroïne, comme dans un film d’Hitchkock (d’ailleurs, elle se nomme Rebecca), cherche à éliminer sa rivale... La pièce met en scène une troupe de comédiens dont le metteur en scène est aussi dans « la vraie vie » un sinistre manipulateur : Ronald Mac Donald. Pour le convaincre de lui garder sa préférence, Rebecca qui a joué le rôle de lady Macbeth puise énergie et motivation dans le texte de Shakespeare qu’elle connaît par cœur et que Ronald lui demande de réciter encore et encore !
Rebecca (Jouant Lady Macbeth) : « Je me défie de ta nature, Macbeth ! Elle est trop pleine du lait de la tendresse humaine pour que tu saisisses le plus court chemin. Tu as de l’ambition et tu n’as pas la cruauté qui devrait l’accompagner ! Venez, venez, esprits qui assistez les pensées meurtrières ! Débarrassez-moi de mon sexe ! Et de la tête aux pieds, remplissez-moi toute de la plus atroce cruauté ! Epaississez mon sang et fermez en moi tout accès à la pitié ! Venez à mes seins de femme prendre mon lait changé en fiel, vous, ministres du meurtre ! Que mon couteau aigu ne voie pas la blessure qu’il va faire ! »