The Velvet Underground #1 :
Nico : chant
Lou Reed : chant, guitare
Sterling Morrison : guitare, basse
John Cale : basse, violon, orgue
Moe Tucker : batterie
Lewis Alan “Lou” Reed joue dans divers groupes de rock’n’roll de Long Island dès 1957.
Premier groupe et premier disque en 1958 : le 45 tours “So Blue” des Shades qu’il co-écrit.
Il suit parallèlement des études à l’université de Syracuse, mais sa véritable passion reste la musique et s’il ne joue pas avec son groupe le week-end, il est DJ d’une radio du campus.
Il fréquente et joue régulièrement avec Sterling Morrison, un autre passionné de musique rock et blues.
Reed suit également les cours de poésie de Delmore Schwartz, qui aura une influence énorme sur lui.
1963/64 : Lou Reed, une fois ses études terminées, est engagé comme auteur/compositeur/musicien/chanteur/arrangeur/producteur (ouf!) chez Pickwick Records où son travail sera de pondredes tubes en sortant toute une série de disques sous divers noms.
Après plusieurs échecs, il réussit avec “The Ostrich”, qui devient un tube local en 1964.
A la même époque, Reed tombe sur John Cale, Gallois d’origine, et qui joue à l’époque avec le groupe expérimental “The Dream Syndicate” du compositeur LaMonte Young.
Cale est subjugué par les compositions de Lou Reed, comme “Heroin” ou “Venus in furs”, et les deux musiciens décident de former un vrai groupe qui prend le nom de The Primitives.
Début 1965, Sterling Morrison les rejoint, suivi bientôt par Angus McLise, aux percussions.
Ils changent ensuite de nom en Warlocks, avant de choisir The Falling Spikes.
En juillet 1965, Reed, Cale et Morrison enregistrent une première démo qui comprend “Venus in furs”, “Prominent men”, “Heroin”, “I’m waiting for the man”, “Wrap your troubles in your dreams” et “All tomorrow’s parties”.
Ces enregistrements seront publiés sur le coffret “Peel Slowly And See” en 1995.
Octobre 1965, les Falling Spikes obtiennent leur premier contrat, mais refusant d’être payé pour jouer de la musique, Angus McLise les quitte.
Le groupe qui opte bientôt pour The Velvet Underground, inspiré par un bouquin sado-maso, engage une copine de Sterling Morrison, Maureen Tucker, dont le style de jeu unique (elle joue debout derrière une batterie simplifiée à l’extrême et sans cymbales) va aider à façonner le son si original du groupe.
Premier vrai concert du groupe : le 11 novembre 1965 dans une école du New Jersey, concert organisé par le journaliste Al Aronowitz, qui leur trouve ensuite un engagement au Café Bizarre à Greenwich Village.
Le groupe commence à se faire un nom, mais certains titres passent mal comme “Black angel’s death song” qui fait fuir généralement le public.
Un soir, alors qu’ils viennent d’en faire une version particulièrement agressive, le patron du club leur ordonne de ne plus jamais le jouer.
Le Velvet reprend aussitôt “Black Angel...” une seconde fois, se faisant virer du club par la même occasion.
Coup de chance, Andy Warhol fait partie du public ce soir là, et impressionné, décide de les engager comme groupe fétiche de la Factory.
Grâce à Andy Warhol, le Velvet se fait connaître de l’intelligentsia New Yorkaise qui fréquente les soirées chaudes de Warhol à la Factory.
Le Velvet Underground joue en toile de fond, sert d’accompagnement aux happenings divers et joue même dans ses films.
Andy Warhol impose la top modèle, actrice et chanteuse allemande Nico (de son vrai nom Christa Paeffgen) au groupe, qui est peu enclin à accepter au sein du groupe très soudé, une beauté blonde au charme glacé et a l’accent germanique à couper au couteau.
Et pourtant, c’est un coup de génie......
Lors des concerts, quand elle ne chante pas, Nico se tient droite, immobile comme une statue, frappant son tambourin en rythme, possédant malgré tout une présence étonnante qui rajoute à l’exotisme du groupe.
Sans aucune maison de disques, Andy Warhol décide de financer lui même le premier album du Velvet, qu’il enregistre en quelques heures dans des conditions difficiles en avril 1966.
C’est Tom Wilson (producteur de Bob Dylan et de Frank Zappa entre autres) qui va signer le Velvet chez MGM/Verve et produire de nouvelles séances d’enregistrements dans de meilleurs conditions au mois de mai.
En juillet 1966, premier single : “All Tomorrow’s Parties (Reed)-I’ll Be Your Mirror (Reed)”.
Cette première version de “All Tomorrow’s Parties”, plus courte que celle de l’album, se trouve également sur le coffret“Peel Slowly And See” de 1995.
Ce single (comme tous les autres) n’entrera pas dans les charts.
MGM/Verve doit distribuer l’album dans la foulée mais bizarrement, repousse sans fin sa sortie, empêchant le groupe de profiter du buzz des soirées Exploding Plastic Inevitable dont ils sont les stars.
Décembre 1966, un nouveau single est publié : “Sunday Morning (Reed-Cale)-I’ll Be Your Mirror (Reed)” sans plus de succès.
“Sunday Morning” est titre assez récent, enregistré en novembre 66, chanté par Lou Reed imitant Nico, et dans un style complètement différent du premier album.
Mars 1967 : sortie tant attendue du premier album du Velvet : “The Velvet Underground & Nico” (#171 US), produit par Andy Warhol et Tom Wilson.
Sunday morning (Reed-Cale)
I’m waiting for the man (Reed)
Femme fatale (Reed)
Venus in furs (Reed)
Run run run (Reed)
All tomorrow’s parties (Reed)
Heroin (Reed)
There she goes again (Reed)
I’ll be your mirror (Reed)
The black angel’s death song (Reed-Cale)
European son (Reed-Morrison-Cale-Tucker)
Seuls trois titres sont chantés par Nico : “Femme fatale”, “All tomorrow’s parties” et “I’ll be your mirror”.
Un album majeur s’il en est, agrémenté d’une pochette géniale : une simple peau de banane (en plastique) qui, dans sa version vinyle originale, s'ôte en nous faisant découvrir une banane à la peau rose.
Une pochette sans le titre du groupe, juste la signature d’Andy Warhol, devant à lui seul faire vendre l’album.
Sauf que ce ne fut pas le cas.
Nous sommes au printemps 67, flower power, love and peace etc... et cet album en est l’exact contraire.
Lou Reed aborde des thèmes adultes, bien avant qu’ils ne deviennent à la mode : drogues dures (I’m waiting for the man, Heroin) le sadomasochisme (Venus in furs) et la mort (The black angel’s death song), de quoi faire peur aux hippies.
Une autre explication de son insuccès est le retard de sa publication, onze mois après sa production.
Si cela ne suffisait pas, l’album fut retiré du marché à cause de la photo centrale du verso qui montrait entre autres Eric Emerson, artiste de la factory, qui demanda des royalties pour sa participation à la pochette.
L’album fut enfin remis en vente quelques semaines plus tard avec une photo retouchée en verso.
A peu près à la même époque, peu enclin à devenir une star du rock et ne se sentant pas à sa place au sein du groupe, Nico quitte le Velvet Underground.
Lou Reed, Sterling Morrison et John Cale vont pourtant produire et lui écrire les meilleurs titres de son premier album solo : “Chelsea Girls” qui sortira en octobre 1967.
Nico restera toujours associée au Velvet, et fut une muse pour Lou Reed et John Cale qui produira quelques uns de ses albums.
Automne 1967, le Velvet Underground prend ses distances avec Andy Warhol qui n’assistera pas aux séances du deuxième album.
Une page se tourne...
© Pascal Schlaefli
Urba City
Juin 2011