Quiconque se sert de l'épée périra par l'épée. Luc Ferry vit à ses dépens ce proverbe d’origine biblique, coupable d’avoir ouvert la boîte de pandore des mœurs sexuelles de nos élites politiques. Car n’en déplaise aux censeurs d’opérette, le détachement est une pratique légale, largement répandue dans la fonction publique, notamment l’enseignement primaire et secondaire.
Luc Ferry est Professeur agrégé de philosophie et de science politique à l’université de Paris VII. Il bénéficie à ce titre, pour un statut qu’il ne doit qu’à lui-même, d’un nombre d’heures d’enseignement limité pour un salaire plus que correct. On peut trouver que c’est trop mais c’est la grille de rémunération de la fonction publique.
De la même façon, son détachement, puisque c’est sa situation administrative, répond aux règles de la fonction publique. La loi prévoit plusieurs scénarios pour le détachement d'un fonctionnaire. Soit son administration d'origine continue de le payer car elle y trouve un intérêt soit, c'est la majorité des cas, c'est son administration d'accueil qui le paie, directement ou en remboursant son établissement d'origine.
Depuis 2004 Luc Ferry bénéficiait d’une décharge d’enseignement parfaitement légale, valable trois ans et renouvelée d’autant. Au départ, il continuait à être payé par le ministère de l’Education nationale ce qui n’avait rien de scandaleux puisque au final, l’employeur, c’était toujours l’Etat. Le problème est qu’en 2010, avec la loi LRU (sur l’autonomie), Paris-VII est devenue autonome assumant désormais la gestion de ses salaires. La faute revient donc aux services de Matignon qui ont tardé à passer une convention de régularisation avec l’université et un peu il vrai au bénéficiaire peu soucieux de sa situation administrative.
Il n’y a donc rien de scandaleux à ce que Matignon viennent rembourser les sommes indument versées par Paris VII. C’est le contraire qui le serait !
La question périphérique à se poser est de savoir si d’une part le Conseil d'analyse de la société est un comité Théodule qui ne sert à rien d’autre part, si sa présidence constitue un travail à temps plein ou pas. Là est la vraie question. Elle doit cependant être abordée à l’aune de toutes les niches et plaçous de la République.
En attendant, ceux qui s’indignent de la situation de Luc Ferry ne manifestent guère de curiosité à l’égard de M. Dominique Fillon, secrétaire général du conseil d’analyse, dont le patronyme interpelle. Pas plus qu’ils ne se semblent avoir été choqués de voir Rachida Dati et Brice Hortefeux recasés au parlement européens pour jouer les députés fantômes.