Raid Obiwak: comme des sangliers dans le Pilat!

Publié le 13 juin 2011 par Sylvainbazin
Une expérience bien sympathique que cette participation au Raid Obiwak! Une première pour moi, mon expérience en course d'orientation se résumant à peu de choses (le défi nature de Saint-Quentin et c'est à peu près tout...). Or le le Obivwak est sans doute le raid orientation le plus célèbre du pays et attire toujours autant après 30 ans d'existence. Après l'avoir maintenant couru une fois, je peux tout à fait comprendre les raisons de ce succès non démenti: de la convivialité avec ce bivouac géant, de l'aventure à tous les niveaux avec des parcours adaptés aux envies et aux niveaux de chacun, de beaux paysages, de la compétition tout de même... un cocktail qui ne peut que séduire!

Cette 30e édition avait lieu au départ de Pélussin, dans les monts du Pilat, un lieu symbolique car c'est un peu le berceau de la C.O. en France et donc un retour aux sources pour cet anniversaire. Mon ami Mathias Géry, monsieur Kikourou pour ceux  - nombreux- qui connaissent ce site, qui n'est pas qu'un geek affairé toute la journée devant son poste à combiner des programmes pour que son site fonctionne mieux, mais aussi un excellent coureur, notamment sur les trails par étapes (Mandala, GTA), m'avait invité à faire équipe avec lui. Très bonne occasion de découvrir cet évènement, d'autant plus que Mathias connaît très bien: il y participe presque sans interruption depuis 1997! Il a commencé la C.O. avant même de se mettre au trail et comme il a passé quelques années d'étude en Finlande, où la discipline est une institution qui attire des milliers de spectateurs sur les épreuves les plus populaires, je peux avoir confiance! Nous avons choisi de nous aligner sur le parcours A, le plus difficile et le plus long parmi la dizaine de circuits proposés: il y en a vraiment pour tout le monde.Le départ est donné du centre du village, un bel endroit avec son église et ses vieilles maisons. Nous plongeons rapidement dans la nature: c'est là que se cachent les balises! A part une petite erreur sur la première, nous les trouvons toutes à un bon rythme, même celles qui se cachent au plus profond des sous-bois. Mathias maîtrise. Je suis juste chargé d'aller pointer les balises avec le fameux doigt electronique et à part ça je n'ai qu'à suivre mon équipier. Nous nous entendons très bien puisque je lui fais confiance et ne conteste aucune de ses décisions! D'ailleurs il n'y a pas lieu.Le parcours est effectivement plutôt corsé: comme nous "orientons" bien nous sommes souvent hors des sentiers, coupant la forêt et nous faufilons entre les branchages et autres ronciers. Les pentes sont abruptes et le parcours tout de même assez physique, mais je me sens heureusement mieux que lors de la semaine où j'étais plutôt malade. J'arrive donc à suivre. Nous croisons parfois, notamment sur les chemins, des concurrents des autres circuits. L'ambiance va de compétitive à promenade familiale. Souvent aussi nous sommes à peu près seul dans les fourrés et les caillasses. Malgré mon aisance relative sur certains de ces terrains, je m'amuse plutôt bien. Nous sommes en outre en train de réaliser une performance plutôt honorable. Après deux ou trois balises un peu récalcitrantes sur la fin, nous dévalons vers l'arrivée au bout de 4h40 de course, souvent encouragés par d'autres équipes. Pas mal nous reconnaissent: le trail et le raid d'orientation ont tout de même un public commun. Je m'efforce de répondre sans trop pouvoir identifier toujours mon interlocuteur, je suis obligé de rester concentré sur le sol car il faut suivre Mathias en descente...Au final nous terminons cette première étape à la 7e place, ce qui est plutôt honorable. Il ne nous reste plus qu'à nous installer dans le bivouac géant posé sur une prairie au beau milieu du massif, au pied des trois dents.  Il y a foule: quelques milles tentes regroupées, Woodstock n'est pas loin... Bon l'ambiance (enfin à Woodstock, je n'y étais pas...) est certainement un peu plus sage. Nous faisons tous notre popote et dégustons nos lyophilisés puis bavardons. C'est l'occasion pour moi de retrouver pas mal d'amis du monde du trail (décidément!) et d'en rencontrer d'autres. Virginie Duterme, première sur l'Himal Race, est ainsi de la partie et fait équipe avec Cédric Charvin, notre "castor" national qui s'est certes un peu détourné de la course à pied pour se concentrer sur l'aménagement de son appartement, devenu depuis légendaire dans le milieu. Martine Templier et son ami arrivent quant à eux très tard au campement, après s'être bien égarés à chercher les balises. L'ambiance est des plus bon enfant. Nous parlons de tout, enfin surtout de course et de projet de voyage, mais à 21h30 c'est l'extinction générale des feux: demain le réveil est fixé à 5h00; les premiers départs sont en effet prévus à 6h00 pour les équipes de têtes, leurs poursuivants partant en chasse avec le temps exact de retard jusqu'à la barrière de la demi-heure. Nous pourrons donc partir à 6h30 puisque nous comptons tout de même 1h de retard sur les leaders, qui ne sont cependant pas des inconnus dans la discipline.A cinq heure pile nous sommes donc réveillés (enfin c'est beaucoup dire après un sommeil plutôt saccadé) par l'accordéon prévu à cet effet. Le temps de visiter rapidement les installations sanitaires écologiques (il faut le souligner) mis en place par l'organisation, de plier les tentes et de déjeuner, nous revoilà parti pour une deuxième étape qui s'annonce du même tonneau que la première. Elle est même un peu plus longue: 22 balises à valider, et donc, même si c'est un peu difficile à évaluer, environ 35 kilomètres à gambader sur des terrains des plus variés. Nous progressons à bonne allure: Mathias est rodé et a retrouvé presque tous ces automatismes d'orienteur. Peu d'hésitations, nous débrousaillons les sous-bois, sautons de roches en troncs et nous piquons aux ronces pour dénicher les premières balises. Ca s'enchaîne bien. Le seul soucis c'est que je suis moins en forme qu'hier et que je commence à me ressentir de ma fatigue de la semaine où après tout j'étais quand même un peu malade, pas de bonne augure. Mais je m'accroche, me bornant à tenter de suivre Mathias d'assez près pour ne pas le ralentir trop. Les dénivelés sont un peu moins sévères que la veille mais tout de même bien présents: nous passons presque au sommet des trois dents, dévalons un pierrier pour aller chercher la balise suivante pour remonter ensuite en chercher une nouvelle.Même si l'orientation et certains passages vraiment peu roulants, totalement hors sentiers, permettent de reprendre notre souffle, le rythme est tout de même plutôt soutenu. Mathias doit avoir quelques sangliers dans ses ascendances tant il est à l'aise pour débouler dans les bois, sautant les branchages, défrichant les futaies. Je peine de plus en plus à le suivre. Mais comme nous restons sur un bon rythme, la perspective de réaliser une bonne performance me motive à essayer encore. Les balises s'enchaînent. Nous peinons juste un peu à dénicher la 16e et la 19 e, bien cachées dans les bois: Mathias les a bien localisé sur la carte mais elles restent compliqué à trouver sur le terrain: ça s'apparente alors un peu, de mon point de vue de novice, à une chasse aux oeufs de pâques. Mais ça reste ludique. Nous finissons tout de même par trouver la récalcitrante 19e balise, puis repartons à fond pour terminer. Les dernières balises sont en effet surtout des jalons sur le chemin. J'ai juste repris un peu de poil de la bête pour pouvoir bien courir sur les derniers mètres. Mathias tient le choc aussi et nous franchissons la ligne d'arrivée au bout de 5h 04' de course. Bon notre classement de l'étape est moins bon qu'hier, 9e, mais cela nous suffit pour conserver notre 7e place au général. Vu le contexte, c'est pas mal du tout. En outre l'équipe a très bien fonctionné: pratiquement aucune contestation ou mésentente (j'ai juste émis un doute, plutôt à propos quant à une coupe en pleine pente dans les caillasses et les brousailles), les rôles étaient parfaitement dispatchés! Les vainqueurs, la paire Peyvel-Simon, nous devancent tout de même de deux heures au total, mais ce sont des clients en orientation.
crédit: Cyril Crespeau
Le temps de retrouver nos amis, qui ont connu bien entendu des fortunes diverses sur cette deuxième journée (Anne-Sophie et Caroline réalisant par exemple l'exploit de perdre le fameux doigt électronique pour valider les balises!) et de déguster, au soleil, une saucisse et quelques autres mets pour un repas d'après course plutôt  agréable, et nous repartons contents de ce beau week end dans le Pilat. A n'en pas douter, il y aura bien d'autres éditions de ce raid Obivwak. Je comprends bien pourquoi Mathias a, depuis 14 ans, du "mal à ne pas y retourner à chaque fois".Toutes les infos et les résultats sont là: http://www.obivwak.net/